TO avec des migrants: 3 récits

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Actions TO avec des migrants : quelques récits.

12ème rencontre du réseau TO, avril 19

Trois récits, trois pages, venus de : Naje, TOP, Brest.
Sardines et Ficelle, Miss griff, Javali, suivront.
Commentaires bienvenus ! 

________________Groupe NAJE fabienne.brugel@orange.fr ____________

Nos « grand chantiers » : On projette de faire un grand chantier national sur le racisme systémique et le privilège blanc soit dès octobre 2019, soit l’année suivante.
Une année, notre grand chantier national avait pour sujet : comment on traite les sans papiers. Notre groupe était composé majoritairement de « blancs » avec quelques personnes étrangères ou d’origine étrangère. D’où la question qu’on s’est posée, et qu’on se pose à chaque action de ce type : outre le problème qu’on traite, quel est notre lien avec les migrants ?

Un Théâtre Image : dans un squatt avec des sans-papiers. Les réunir fut fort compliqué. Les participant.e.s venaient et repartaient. Mais un jour : théâtre-image sur les conditions de leur arrivée, le pourquoi de leur départ, ce qui se passe chez eux, réellement. Ce fut « vite et beau » cette fois-là, avec pas mal de personnes. Beaucoup d’images créées.

Quels jokers ntervenaient : c’était entièrement militant, sur le volontariat des jokers. (Farida, Fatima, Mus, Fabienne).

Une action de soutien : À la demande de la CGT, au cours d’une grève de sans-papiers, on a joué devant le magasin pour la caisse de grève.

Avec des Assistantes Familiales : on avait travaillé avec elles sur les conditions de la mise à la rue.

_____________Groupe NAJE fatima.berrahal@orange.fr _______________________


Contexte  Un atelier Théâtre Forum en foyer éducatif. Nous avons 12 séances, dont le spectacle.

Un groupe « mixte »

Le groupe est composé de 6 jeunes mineurs isolés et de 6 membres de l’équipe (éducatrices/psychologue/ coordinatrice).

Le contenu
Le travail a porté sur les difficultés qu’ils rencontrent :

-formatage d’une jeune par la famille d’accueil bénévole, pour qu’elle soit une « bonne future française »,

-la famille qui est déjà en France, et qui accepte d’accueillir un neveu, mais… qui ensuite le met à la rue,

-les questions de discriminations,

pour obtenir un contrat « jeune majeur » les problèmes rencontrés autant par l’équipe éducative que par les jeunes.

-et aussi, leurs parcours migratoires.

Le spectacle 

il a été joué devant d’autres jeunes des foyers de la fondation, des équipes éducatives, et des référentes de l’ASE.

(fin de l’intervention de naje)

_________________groupe T’OP ! Lille jf.martel@orange.fr _____________________

Le contexte :

Le Comité des sans-papiers 59 (CSP) est très actif à Lille depuis 1996. Notre travail avec le CSP a été précédé par l’engagement de plusieurs d’entre nous parmi les « soutiens » comme ils appellent ceux qui les rejoignent. Depuis plusieurs années, nous étions à leurs AG du lundi et à leurs manifs du mercredi. Nous leur parlions du TO, avions des échanges, et un jour, un de leur porte-parole nous a invités, Marion et moi, à une de leur réunion de bureau : accord de principe pour un atelier avec le CSP.

Le premier groupe, et les suivants :

Avec le CSP, nous avons créé un groupe « permanent » composé de sans papiers venus surtout de pays arabes, d’afrique subsaharienne, de Thaïlande, avec une grosse majorité d’hommes, et aussi de « soutiens ». Mais les gens se renouvellent quand même, les présences fluctuent, car beaucoup de facteurs entrent en jeu : la fatigue du travail de nuit, l’embauche soudaine pour la journée (dans le bâtiment, sur les marchés), les convocations ici ou là, les démarches, les arrestations… Finalement un groupe d’environ 15 personnes a réussi à travailler chaque samedi après-midi pendant 2 mois, avec l’objectif de créer un TF à jouer au cours d’une grande assemblée que le CSP avait prévue.

Ensuite, jouer où ?

Ce premier groupe, comme les suivants, a joué plusieurs fois, dans des Centres Sociaux, pour des associations militantes, pour d’autres groupes de migrants, au cours de journées des droits… On a repris le dispositif (15 personnes, 6 à 8 samedi) plusieurs fois. On les a emmenés jouer ailleurs, jusqu’à Strasbourg pour le festival organisé par le Potimarron, ou près de Calais où la situation des migrants était très différente, mais aussi emmenés voir des TF sur d’autres oppressions, rencontrer d’autres groupes, notamment des TF d’associations d’insertion ou de chômeurs.

Quels joker.es interviennent ?
Les volontaires pour ce type de groupe, deux jokers JF et Hélène la première fois. Puis, de groupe en groupe, même si tous les membres de l’équipe n’ont pas souhaité s’y coller, nous avons fait varier les jokers, souvent par tuilage : un.e joker.e qui a déjà mené un groupe de Sans Papiers, avec un nouveau. Nous intervenions souvent en binôme homme-femme, et avons dû tenir bon face aux problèmes de sexisme quand ils ont surgi ! (consignes pas suivies quand données par une jokère, par exemple…)

Les finances :
TOP payait les jokers (au tarif habituel) pour éviter une séparation entre ceux qui interviendraient dans des ateliers « achetés » par une structure, et les autres, qui ne mèneraient que des ateliers « militants ». Avec quel argent ? Celui venu de l’ACSE (agence d’état pour la cohésion sociale), et aussi une subvention de la Région au titre de la Citoyenneté. D’autre part, TOP proposait ces spectacles « à la vente » et démarchait comme pour les spectacles joués par la compagnie. Certains étaient donc achetés. Il est même arrivé qu’un spectacle correctement « vendu » donne lieu au reversement de notre marge au CSP.

Notre solidarité ? Notre place ?

Nous nous sentions tout d’abord impliqués, comme « soutiens », participants à leurs actions. Ensuite, comme jokers du TO, auxquels le CSP demandait d’intervenir.

Les contenus :
Le contrôle au faciès, une perquisition, une expulsion, l’attente à la préfecture, et bien sûr : plusieurs scènes sur l’exploitation au travail. Une scène sur les conditions de vie dans un des pays d’origine (un état policier et corrompu).

Période :

Dès 2006, et pendant 7 ou 8 ans, en fonction des décisions de l’AG du CSP, de leurs priorités et de leur agenda militant. Il est clair que ce travail demande dispo et engagement. Ainsi, après une grande grève de la faim (2013), un travail avec leur groupe de femmes (les « sans-papières ») semblait souhaité par le CSP, mais n’a pas eu lieu faute de disponibilité d’au moins une jokère militante expérimentée. (maternité, déménagements…)

création d’un TF de compagnie :
A partir des scènes issues des différents ateliers, TOP a créé un TF sur l’exploitation au travail, (2009, toujours disponible) « les invisibles ». Suivant le public, l’opprimé peut être un migrant ou un « soutien ». Ce TF souvent joué, a aussi été adapté et joué en anglais dans un festival de TO, chez nos amis de Jana Sanskriti en Inde.

(fin de l’intervention de JF)

___________Brigitte pour le TO Brest mibrigit@numericable.fr ____________________

Le contexte

Je milite au Planning Familial de Brest, et dans une association pour l’accompa-gnement des jeunes isolés migrants, l’ADJIM . Cette association donne des cours de français et de maths, fait de l’alphabétisation, pour les jeunes en attente de reconnais-sance de leur minorité par le Département, soit près de 150 jeunes. Il faut entre 2 et 10 mois dans le Finistère pour être reconnu mineur et pris en charge. Ils sont en attendant logés et nourris dans des hôtels mais… sans aucune activité ! 

J’ai proposé un stage de théâtre

en 2017 pendant 5 jours, et nous avons fait du Théâtre-Image : la prison en Libye, le travail forcé en Afrique, la traversée de la Méditerranée…. Leur dernière image se terminait par une seule revendication devant le Procureur : je veux aller à l’école. Ces images ont touché le public, mais les jeunes n’ont pas souhaité rejouer car ils voulaient oublier leur passé et se tourner vers leur avenir.

Un atelier jeux

Depuis 2017, tous les lundis, l’ADJIM propose un atelier de 2h, que j’anime avec des exercices du Théâtre de l’Opprimé et des jeux de société. C’est joyeux, animé.

Un deuxième stage de 5 jours

En octobre 2018 je leur propose de parler de leurs conditions de vie actuelles. Helena (Le Reuz) et Joelle (Planning Familial) me rejoignent. Ils racontent leur vie dans les hôtels, et surtout nous disent ce qu’ils veulent pour leur avenir et ce dont ils ont besoin : une guitare, un skate board, des cours de judo ou de boxe… De belles réponses de la part du public, mais un peu de désenchantement : certains militants associatifs veulent leur démontrer que leurs rêves ne pourront pas se réaliser !

Un nouvel atelier.

Depuis février 2019, avec un groupe de jeunes mineurs, qui parlent tous français. On va terminer le travail la semaine prochaine (avril 2019). On veut faire forum ! L’idée est ensuite de pouvoir poursuivre. C’est eux, bien sûr, qui choisissent les thèmes et nous pensons avoir des scènes sur le mariage forcé, sur les religions (ou les religieux!) qui s’opposent, et sur la violence faite aux enfants.

Finances et ressources Nous sommes toutes bénévoles. Le TO de Brest assure les repas et les trajets, l’asso Travesias nous donne accès à une belle salle, les bénévoles du Planning et de l’ADJIM sont présents et nous aident.

Pour quels spect-acteurs jouons-nous ? On invite au dernier moment les gens des associations concernées (environ 40 personnes). Début avril 19 il y a eu aussi la Maison du Théâtre de Brest et Emmaüs, ce qui a donné lieu à de nouvelles rencontres.

Qui sont ces jeunes ? Uniquement des garçons de 16-17 ans, d’Afrique de l’ouest (Guinée, Côte d’Ivoire, Mali, Cameroun), francophones. Les effets de la pratique théâtrale sont épatants : les jeunes ont repris confiance en eux, nouent de nouveaux contacts, s’affirment, améliorent leur français…

(fin de l’intervention de Brigitte )

à suivre : Miss griff, Javali, Ficelle et Les sardines.

texte rédigé par JF à partir des notes de Marion et Fatima, textes revus ensuite par les auteurs des témoignages. 6 juin 19

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