VOYAGE DANS LE RESEAU : Le TF / SEXISME et VSS du groupe Pas a passo
INTERVENTION COLLECTIVE CONCERTEE DANS UN TF : 2ème article à ce sujet.2ème séance du TF de Pas a passo, 20 mars 2025, dans une école de travailleurs sociaux. J’avais cette fois l’envie de ne pas participer à un groupe, ni de venir sur scène mais d’observer.
LA SEANCE :
Bastien commence par expliquer pourquoi venir sur scène plutôt que de dire de sa place. « pour s’entraîner ! Dans la vie les émotions fortes peuvent par exemple provoquer chez nous un blocage, de la sidération, sur scène aussi, mais sur scène, on peut rater sans risque ! On peut ensuite ré-essayer une autre attitude ».
Il ajoute : « la société bouge collectivement, il n‘y pas de héro solitaire» et « venez sur scène avec ce que vous êtes vraiment dans la vie : avec un point de vue situé » (ne venez pas remplacer quelqu’un de différent de vous).
Echauffement : Clàudia nous fait chanter, phrase par phrase, dans une langue inconnue, puis elle partage la salle en trois, et fait chanter chaque tiers à son tour.
LES STEREOTYPES DE GENRE.
Cette scène est jouée, dansée et chantée sur l’air de « sur le pont d’Avignon » : « Les demoiselles font comme ça, les beaux messieurs font comme-ci ». Puis des panneaux, lus à haute voix, donnent des infos sur le sexisme, ses conséquences, et annoncent des pourcentages.
LA SCENE DE L’ATELIER DE CREATION DE COUTURE.
André (joué par Bastien) chantonne « Coeur de loup » la chanson de Philippe Fontaine :
«Je n’ai qu’une envie, me laisser tenter, la victime est très belle, et le crime est si doux » (sic).
Tout en reluquant la stagiaire, en la frôlant. Les réactions des autres personnages : « Oh, il est comme ça, pas grave, il t’a pas touchée » !
LA SCENE DU BURN OUT D’UNE FEMME DANS CE CABINET CONSEIL
Le directeur distribue des médailles aux plus performants, il chante : « plus, plus, plus » donne un gros dossier à cette femme « super plus » et lui offre avec, un assortiment de médicaments psychotropes. Elle finit par accepter, et termine la scène à genoux sous les dossiers.
Réactions de ses collègues : « c’est classique, encore une qui s’est surestimée ».
Chant (de nouveau, la technique d’insérer des chants en chorale) : « nous les femmes, exploitées, rabaissées, méprisées… »
LA JOKERE QUESTIONNE LONGUEMENT LA SALLE
(sur les 3 scènes). Elle demande « comment sortir de ce mécanisme COLLECTIVEMENT, au lieu de faire tout porter sur un personne » ? Puis elle partage le public en quatre groupes, (nous sommes 32 spec-acteurs) en faisant se déplacer les gens dans l’amphi. A chaque groupe de prendre le temps de discuter du problème politique posé, et de mettre au point une stratégie d’intervention collective.
Je note que, en effet, tout le monde participe. Cette pratique de constituer des groupes semble très mobilisatrice. L’est-elle plus que nos habituels « discutez avec vos voisins voisines et dites nous à quels moments il faudrait intervenir » ? qui ne regroupent que de tout petits nombres de personnes ? Question à penser…
J’’apprends que les étudiants sont externes, la plupart sont donc partis avant le théâtre forum « pourquoi ne pas avoir placé cette séance en journée plutôt qu’en début de soirée » ?
1ère intervention (le groupe 1) à propos de l’atelier de création couture.
« clap clap clap, 1, 2, 3 action »
Une femme essaie de tenir tête face à André, puis un homme l’affronte et lui dit : « çà te plairait qu’on te fasse la même chose » ? Une femme essaie (sans succès) d’intervenir auprès de la directrice, deux femmes, haut et fort « on va aller aux prudhommes » la directrice leur demande alors de venir dans son bureau, mais elles refusent : « vous allez nous embobiner, non, on va aux prudhommes »
Je note que beaucoup d’interventions se font face à UN seul interlocuteur. ls se sont manifestement répartis les rôles.
Intervention du 2ème groupe, dans la même scène.
« On veut intervenir à un moment où André n’est pas là »
La jokère : « Ok, à vous de le faire sortir ! On n’a pas de baguette magique pour faire qu’il ne soit pas là » ! André frime en souriant avec son ruban qu’il agite face à un intervenant…
Je note que l’intervenant rit aussi, sans autre réaction.
Trois intervenants décident de parler en solidarité à la stagiaire, André veut s’en mêler, mais un homme réussit à l’attirer ailleurs. Voilà les quatre hommes ensemble, dont Claude, l’autre personnage masculin. (Bravo !)
Je note que beaucoup d’intervenants rient, sourient… Pourquoi ? Mon hypothèse : ils sont ravis de jouer, et la pression est moins forte que lorsqu’on intervient seul·e ? On peut ainsi se permettre de rire aux singeries de l’oppresseur (André)… Mais je me demande s’il n’y a pas, dans ce cas, une perte de combativité dans le fait d’être plusieurs intervenants ? Question à creuser : se sentent-ils plus forts à plusieurs, ou se sentent-ils moins impliqués personnellement ? La question est évidemment d’importance.
Scène des projets et du burn out : 3ème groupe
Le groupe intervient au moment où les deux hommes sont en pause.
Quelqu’un va intervenir auprès des 2 hommes, puis 3 interviennent sur l’oppresseur, 2 femmes passent voir l’opprimée. L’oppresseur (Bastien) quitte alors son sourire et hausse alors le ton. Il finit par leur signifier leurs licenciements.
Je note que Bastien tente de rester grave avec une mine sévère, probablement pour les ramener à la réalité, et les aider à quitter ces sourires ? Là aussi, les intervenantes sourient, sans répliquer, elles ne cherchent pas à parler à l’autre femme (l’autre femme, jouée par une comédienne, pourrait-elle intervenir, comment) ?
Même scène : quatrième et dernier groupe (deux femmes)
Face à l’oppresseur elles parlent de saisir l’inspection du travail (il semble indifférent).
Même chose face à l’autre homme qui semble ne pas avoir d’opinion là-dessus.
Face à l’opprimée elles tentent d’obtenir son témoignage.
Elles ne tentent pas la solidarité avec l’autre femme, qui (de nouveau) ne réagit pas trop non plus.
LA JOKERE RECAPITULE les solutions proposées dans l’ensemble des interventions, et questionne longuement la salle, on est à la toute fin de la séance. Une étudiante réagit :
– Ok, en milieu pro on peut alerter l’inspection du travail, mais nous on est dans une école, il n’y a pas d’inspection du travail, que peut-on faire ? (murmures dans la salle)
Un homme qui s’avère être le directeur, (il est resté jusqu’au bout) dit alors qu’il existe des instances à saisir dans cette école, et que celles-ci peuvent intervenir. (ouf!) La jokère clôt la séance.
Texte de JF Martel. Commentaires et réactions bienvenus. jf.martel@orange.fr
Bastien : bastienviltart.to@gmail Cie pas a passo : pasapasso.to@gmail.com