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Comment travailler avec l’oppression mentale ?

Santé mentale / santé sociale, comment faire forum quand l’oppression n’est pas personnifiée ?
Ce travail a eu lieu au cours de la Rencontre du réseau TO N°18 : 11 et 12 nov 2023 à Loguivy Plougras (22) animée par Aude (Si les sardines avaient des ailes) et Frédérique (L’Attelage)CR réalisé par JF et Cyprien à partir des notes de Noémie, Jean François (Et Toc!) et Sophie

4 scènes, proposées par 4 groupes : théâtre forum ou théâtre image, techniques introspectives…
La dépression  pages 1 et 2
Les rythmes de vie et la pression du temps  page 3
 L’isolement pages 4 et 5
L’aidant proche (lien avec le médical)  page 5

1) La Dépression Scène initiale simplifiée :
Une amie vient rendre visite à une personne en situation de dépression. Elle l’invite à sortir de chez elle en sa compagnie pour voir le soleil et se changer les idées. Face à son refus, et aux réticences répétées de la personne dépressive à sortir de chez elle, l’amie finit par une injonction à « se bouger », et laisse entendre qu’elle pourrait renoncer à lui rendre visite si elle « n’y met pas du sien ».
Réflexion du groupe de travail :
On choisit de venir en appui à Audrey qui a animé la création de cette scène à partir du récit de la personne qui l’a vécue. Le forum qui a suivi s’est avéré difficile. D’une part, suite à un drame qui a bouleversé le groupe peu de temps auparavant. D’autre part, du fait que les interventions du public, souvent en ajoutant un.e personnage complémentaire allié.e, finissaient par reproduire, malgré une attitude différente, la situation d’oppression initiale.
Après avoir partagé nos expériences de TO sur le thème de la dépression, nous cherchons différentes manières pour mettre au travail la situation amenée par Audrey. Nous débattons sur différentes possibilités d’utiliser des éléments de techniques introspectives pour tenter de dépasser les écueils rencontrés. Sous la pression du temps, nous consentons finalement à mettre en scène de supposés flics dans la tête de la personne dépressive, alors que celle qui a raconté sa situation lors de l’atelier n’est pas présente, et qu’aucun.e d’entre nous ne dit avoir vécu une situation similaire. Certain.es d’entre nous pensent que le côtoiement proche d’autres personnes en dépression nous informe et nous « autorise » à projeter dans la tête d’un.e autre ces représentations de flics intérieurs. D’autres rappellent que c’est contraire à notre éthique fondamentale (ne pas projeter de situation ou créer de scène sans le témoignage des premier.es concerné.es), d’autant plus avec une technique introspective qui ne peut fonctionner qu’à partir des flics identifiés ou validés par la personne qui a vécu la situation. N’ayant pas le temps de débattre plus longtemps sur ces questions de principes et de pertinence, malgré ces désaccords nous improvisons rapidement une scène qui met en jeu trois flics dans la tête du personnage en dépression.

  • Flic 1 : « Allez, bouge-toi, c’est bien d’aller bien !»
  • Flic 2 : «  Comment peux-tu te morfondre sur ta situation alors que d’autres vivent bien pire dans le monde en guerre ?»
  • Flic 3 :« Encore une fois tu es en décalage avec les autres. On te propose le soleil et toi tu continues à broyer du noir. »

Présentation et forum avec l’ensemble du groupe : On joue avec les trois flics dans la tête.
On expose les questions qu’on s’est posées pour continuer à explorer les possibilités compte-tenu des écueils rencontrés par l’équipe qui a créé et mis en forum la scène initiale :

  • Hétérodoxie : peut-on se permettre de mettre en scène une situation sans la présence explicite d’une ou de personne(s) concerné.e(s) ?
  • On a envisagé trois possibilités de travail :
    • arc en ciel des désirs de la personne en dépression,
    • arc en ciel des désirs de la personne aidante,
    • flics dans la tête de la personne en dépression.

On propose d’expérimenter la troisième option. L’idée est que pour un.e proche et/ou aidant.e, percevoir les flics qui peuvent contraindre ou empêcher une personne dépressive pourrait permettre d’ajuster sa manière d’inter-agir. On rejoue la scène avec intervention de trois flics qui s’adressent à la personne dépressive.
Le public est invité à venir jouer des propositions d’anticorps qui se confrontent aux discours de tel ou tel flic.
A la fin, une personne vient remplacer l’aidant.e pour rejouer la scène, après avoir choisi quelques anticorps, qui l’entourent et vont éclairer/inspirer ses propos et ses attitudes vis-à-vis de la personne en dépression. L’évolution de la situation est différente du fait de sa meilleure compréhension des flics qui habitent son interlocutrice.
Analyse – retours du public :

  • Si on travaille avec la personne aidante : confronter les désirs de la personne aidante aux flics (ou à leurs antidotes?) de la personne dépressive : voir lesquels se contredisent, s’opposent, lesquels peuvent se rejoindre pour devenir un appui.
  • Clarifier si ce sont bien des flics qui sont représentés ici (flic qui empêchent d’agir), ou plutôt des désirs contradictoires ?
  • On ne s’est pas mis.es au service d’une personne présente (qui aurait pu reconnaître ou pas des flics proposés par le public), mais composé un personnage à partir de nos différents récits de situations rencontrées par chacun.e.
  • Avez-vous déjà joké avec des flics ? Oui, en proposant au public de proposer des anticorps.
  • Si l’oppresseur est la dépression, confusion si mélange entre les flics des deux personnages
  • Intéressant de mettre ce dispositif au service de l’aidant.e pour muscler son empathie. Et non pas pour aider la personne dépressive.
  • Parler de la dépression autrement que par une conférence.
  • On peut aussi, à la demande de la personne en dépression, dérouler la technique introspective (flics ou désirs).
  • Ici, on déroge au principe de travailler avec la personne concernée. On projette des pensées supposées d’autres que nous.
  • Des personnes en pleine dépression sont-elles prêtes à mener ce travail ?
  • J’aurais aimé m’attarder sur les enjeux de l’aidante plutôt que sur les flics d’une personne qui n’est pas là pour la présenter.
  • Quand on travaille sur des souffrances psychiques, quelles sont les limites entre la pratique de théâtre de l’opprimé.e et ce qui entre dans le champ du soin thérapeutique ?
  • J’entends dans tous nos propos l’attention à être à la bonne place. Veiller à distinguer l’empathie et l’identification (dixit un psy hier lors d’une séance d’analyse de pratiques)
  • On rappelle que cette scène est bien issue du récit d’une personne qui l’a vécue, et que l’exercice visait à explorer des possibilités de méthode de travail pour tenter de dépasser les limites rencontrées dans l’atelier initial → comment on aide ?
  • Complexité de compréhension de l’état dépressif par le grand public → cette approche permet d’y rentrer de façon concrète.

    2) Les rythmes de vie et la pression du temps

Présentation de la scène initiale : Trois rituels de « retours chez soi le soir » joués simultanément sur le même plateau, mais déconnectés les uns des autres, sur un fond musical.

Impressions ressenties par le public :

  • impression de grande solitude bien que chaque personnage enchaîne les interconnexions avec d’autres, sur place ou à distance,
  • les rituels se reproduisent mécaniquement : est-ce ça la vie ?
  • dispersion des actions qui s’accumulent dans un temps court,
  • multiples vies parallèles et déconnectées → est-ce l’image de notre monde,
  • la musique apporte beaucoup

Attention si on le travaille en atelier ou en public : ne surtout pas commenter les vies des personnes qui les ont livrées et mises en scène.

Les clownes suiveuses :
On rejoue la scène. Cette fois, chaque personnage est suivi par une clowne qui reprend ses gestes et propos au fil de la scène. Par moments on interrompt le jeu des personnages en mode photo, et les clownes continuent sur leur lancée, puis les personnages reprennent leur rituel.

Retours & Analyse du public :

  • On est toustes sujet·tes à cette pression du temps, ici c’est bien rendu visible, mais comment on le dégomme ?
  • Avce unesScène introductive à un travail sur les contraintes liées au temps ?
  • J’y ai vu aussi des éléments agréables et pas que des choses oppressives, mais des choses que j’aime au quotidien.
  • On a déjà proposé à une soignante de jouer sa journée de travail, grosse mise en visibilité de ce que cela représente → à renouveler sous différents formes.
  • Chez nous on ne pense pas à la musique. Ici depuis ce matin elle est venue soutenir le rythme → à renouveler.
  • Intérêt de passer par le sensible et l’émotionnel, notamment dans une première étape : se donner le temps de sentir et de digérer l’information, avant de reprendre pour aller plus loin.
  • Chez nous on utilise la musique lorsqu’il s’agit de représenter le temps.
  • Nous on l’a utilisée en jouant nos retours à la maison, chacun.e choisissant sa propre musique, très soutenante.
  • Nous on l’a utilisée en transition entre les scènes.
  • Nous aussi en introduction à un spectacle forum.
  • Dans un travail avec des burkinabé.es sur les parcours de migration, le choix a été fait de danser la séquence sur la route de la mort : musique et danse là où l’émotion était déjà là, pas de remplacement sur cette séquence.
  • Nous on met de la musique dans nos chantiers.
  • Être touché.e donne envie d’en parler après.
  • Je ne garderai pas le fait de jouer le rituel d’une autre personne que soi. Y compris en mode théâtre, cela enlève toute la sensibilité.
  • Rappel : éviter absolument les retours sur la vie de la personne qui l’a exposée.
  • Sur les rituels, on a plutôt utilisé la musique en jouant sur des contrastes entre le rythme de la musique et celui de la personne.
    Pour le clown, c’était très fort car je me suis épuisée à suivre le rythme d’Annabelle.

    • 3) L’isolement. Scène : deux amies qui se retrouvent, l’une explique qu’elle se sent seule, très seule….

Les flics dans la tête, qui apparaissent au fil de son discours :
– Il faut sortir, voir du monde, être en groupe.
– Pression du travail : travailler c’est s’insérer dans la société.
– Il faut être bien.
– Important c’est la famille : être en couple, avoir des enfants.
Créer collectivement des anti-corps par rapport aux flics.
Après, on fait des remplacements à la place de la personne qui est isolée.

Retour à chaud sur la scène :
– Dans cette scène, que l’amie puisse potentiellement se nourrir des flics pour venir personnifier les différentes oppressions : début de quelque chose pour rendre l’oppression forumisable.
– Vraies oppressions sur le thème de l’isolement alors bizarre de trouver des anticorps. Oppressions systémiques mais réelles, pas seulement des injonctions.
– Vraies oppressions sur le thème de l’isolement alors bizarre de trouver des anticorps. Oppressions systémiques mais réelles, pas seulement des injonctions.

– En atelier : questions concrètes : « comment parler aux voisins quand on arrive dans un nouveau quartier ? »… Les raisons de l’isolement.
– Création d’un spectacle sur l’isolement. Les flics et nos anti-corps sont étranges, parce qu’ils ont envie de travailler, envie de voir des gens… Semble faux parce qu’il y a une vraie volonté des gens de voir du monde… Attention : différent de la dépression qui est une maladie.
Là, ce n’est pas une maladie et il y a des raisons à être isolée.
– La Solitude est différente de l’isolement.
Acceptation des flics et reformulation des flics comme réalité. Et demande de soutien. C’est à la ou le protagoniste d’accepter ou non les flics proposés par le public .

– Problèmes techniques sur scène : différent si c’est des amis réels contemporains. Ce qui est différent si c’est des flics dans ma tête. Différent s’il faut travailler ses liens actuels ou s’il faut travailler sur ses flics.

– On travaille sur l’isolement et on fait le parcours d’une personne : assistante sociale qui va lui parler de tout ce qu’il faut faire. Entreprise : à la chaîne, face à des situations difficiles, injonctions sociales de performance… Une sœur qui lui dit que ça ne va pas non plus par rapport à l’alcool… Un pote qui arrive et qui l’incite à reprendre et il reprend l’alcool. Remplace l’AS, le collègue qui fout la pression, la famille…

– On tort la méthode des techniques introspectives pour travailler sur des flics non personnifiés parce que c’est le thème du week-end. On s’écarte de la peronnification de l’oppression. Quand on s’est mis à remplacer la personne isolée, la question devait se poser : de quoi on part ? Est-ce que je pars de moi / du personnage ?
On n’est pas parti d’une matière, d’une histoire réelle… On est parti des injonctions parce qu’on s’est senti isolé… Moins juste de remplacer la personne qui est isolée, parce qu’on ne savait pas vraiment d’où parlait cette personne.
– Si je suis à la place de l’amie, comment je parlerais à la personne. J’ai été à la place de la personne isolée et j’ai résumé, synthétisé les flics dans ma tête.
Comment j‘essaie de faire la paix avec mon état d’isolement et comment ça peut faire sens ?
Quelles conséquences si toutes les demandes portent sur la même personne ?
– Isolement : quand on travaille avec des personnes isolées, attention au format.
En atelier, c’est déjà travailler avec d’autres, sur l’isolement. Une personne dépose le matin que c’est difficile de venir, « ça fait longtemps que je suis pas sorti »…
Attention aux temps laissé aux jeux, à la pause de midi, aux échanges…
Quand on a fait une rencontre du réseau sur le privilège blanc : difficile parce qu’on est pas concerné·es. Il vaut mieux partir d’histoires personnelles pour les mettre en scène. Pour être plus légitime à le faire et mieux savoir d’où on parle.

– Sur la question d’où sont les oppressions : 3 niveaux de où elles sont : de situation qui vient de pleins de pression (ex : rupture…) mais pas forcément des oppresseurs… Et des oppressions systémiques (individualisme…) sur lesquelles on peut travailler, qu’on peut déconstruire…, et des oppressions intégrées (flics).
– Parler plutôt d’injonctions que de flics. Qu’est-ce que j’en fais de cela : se donner des infos, des ressources, de personnes qui nous ont aidées.
On s’entraîne avec les injonctions et maintenant qu’est-ce qu’on en fait dans notre vie … A partager ensemble avec des gens concernées.

– Depuis hier est-ce qu’on est légitime de monter des histoires ?

– Je m’en fiche de savoir si je suis légitime.. Je viens chercher des outils et techniques pour le faire dans nos ateliers face aux vraies personnes, parce qu’on va partir d’eux
– On ne peut pas retenir que des situations que l’on vit puisqu’on accompagne d’autres personnes qui vivent d’autres choses.
– Une idée :démarrer les spectacles par des tableaux : une scène où les choses sont posées mais sur laquelle on ne va pas faire forum. Exemple d’Audrey et Annie

On ne fait pas forum là dessus, mais c’est un partage de sentiments, un éclairage .
– Toutes les histoires j’avais envie de les mettre en forum, toutes les histoires on peut les mettre en image, en flics dans la tête… Mais c’est pas si simple.
– Retenir que c’est pas pour rien que quand ce n’est pas l’histoire de quelqu’un, on peut se perdre dans les techniques.
– ATTENTION : ce n’est pas pour rien que ces outils ont été inventés à partir de la personne qui amenait l’histoire. C’est différent d’autres outils inventés de l’extérieur.
Il est important de s’en imprégner parce que c’est ça qui est différent avec le TO : partir des gens.

4) A la place de l’aidant La scène initiale: Elle a des suspicions de schizophrénie (sur son conjoint). Elle va voir différentes personnes, qui refusent de l’aider : Un médecin généraliste, le psychiatre, le voisin (qui se fait harceler par le conjoint), une amie à qui elle propose de faire une soirée entre couples. A la fin, voix dans la tête de l’aidante suite à ces refus.

FORUM :
-Proposition avec le voisin: l’amener à aller au commissarait ensemble
-Trois propositions avec le médecin :
1) mon compagnon me met en danger et possiblement vous aussi, le médecin.
2) vous êtes notre médecin de famille, notre famille va mal ; qu’est-ce qu’on fait ?
3) lui dire que ça ne va pas du tout pour elle-même.
-Proposition avec la copine : lui demander de l’aide pour faire des recherches sur des personnes qui ont vécu des problématiques similaires et collectiviser cette situation.

Question sur la méthode / retour sur la scène :
– Donner une plus grande place au corps et aux conséquences physiques, sortir du verbal !
– Décider de somatiser ce qui se passe. Montrer ce que ça fait dans ton corps. Donner à voir.
– Quand je sens que c’est surjoué : ça me sort du truc, je n’y crois plus. Comment être juste ?- – – -Quand c’est une vraie situation, ça change tout : utiliser les différentes techniques pour faire ressortir ce que l’on veut faire ressortir.
– Dans ma proposition de demander à la voisine de voir la police ensemble  : La voisine arrêtait d’être hostile contre moi, son visage avait bougé. Donner à voir ça au spectateur.
-Je propose de visibiliser les obstacles et aides dans la mise en scène : proposer un musée des obstacles et des personnes potentiellement aidantes pour l’opprimée.
– Qui sont les portes ouvertes, les personnes capables d’aider ? Les placer au fur et à mesure des propositions.
– rester sur scène après avoir fait son intervention (cf Jana Sanskriti), soutenir le public qui monte.

Vos remarques, questions, compléments sont les bienvenus, à envoyer à : contact@reseau-to.fr ou mieux encore à écrire ci-dessous, sur le site, une case vous le propose.

Comment devenir membre du Réseau T.O.

A) Devenir membre associé du réseau TO ?
Les 3 étapes :
1) d’abord, les groupes qui nous ont contactés sont abonnés par nos soins à notre liste de diffusion, ils reçoivent toutes les infos et peuvent participer (ou non) à cette liste.
2) Ensuite, le groupe signifie son accord pratique (son fonctionnement) et théorique (ses propres statuts) avec nos 3 principes (le TO est fait pour lutter contre les oppressions, vouloir (concrètement) échanger entre praticien·nes, préférer la coopération à la concurrence entre groupes)
3) Les conditions concrètes de première adhésion pourraient être par exemple :
une première rencontre (aller voir un TF d’un groupe du réseau et échanger, inviter le réseau à voir un TF de son groupe), communiquer des infos et des dates sur le travail du groupe, participer à la liste de diffusion-discussion.
Le groupe demande alors à être membre associé, l’AG suivante en vote l’arrivée ! (bienvenue)

Voir ci-dessous ce qu’en disent nos statuts !
Article 5 : catégories de membres, adhésions

L’association ne cherche pas à être une nouvelle association de praticiens du théâtre de l’opprimé, mais un réseau de groupes qui le pratiquent. Ces groupes peuvent avoir différents statuts : collectifs, associations, compagnies, scop… Ils sont représentés par des personnes physiques.
Ces groupes doivent eux-mêmes avoir des pratiques, un fonctionnement en accord avec les buts du réseau, il en est de même pour leurs éventuels statuts.
Les membres adhérents fondateurs sont les signataires de ces statuts.
Les membres adhérents actifs sont les groupes qui participent aux rencontres ou aux recherches du réseau. Les membres adhérents associés participent occasionnellement, Ils deviennent membres actifs sur demande acceptée.
Les adhésions, dont le montant est fixé chaque année, ainsi que le passage au statut de membre actif, sont agréés par l’AG qui statue lors de chacune de ses réunions sur les demandes présentées.
Synthèse de cette première partie par JF, secrétaire, mars 24, à modifier puis approuver.

B) devenir membre adhérent actif du réseau TO
Texte adopté en AG les 23/24 avril 2022
Notre réseau se compose de groupes qui pratiquent le TO. Les groupes qui en font la demande peuvent devenir membre associé, s’ils se retrouvent dans nos trois grands principes. Ils sont alors inscrits dans notre liste de diffusion/discussion, leurs dates sont diffusées dans nos « ACTU » du réseau. Un don (à montant libre) leur est demandé, ils sont invités aux rencotres du réseau et reçoivent toutes les infos, ils ont accès à la page « membres » du site.
Ils peuvent ensuite devenir « membres adhérents », sur cooptation (voir ci-dessous le texte « adhérer au réseau »

ADHERER AU RESEAU = DEVENIR MEMBRE ACTIF
Les adhésions concernent les groupes, collectifs, associations, compagnies, théâtres,  qui pratiquent le théâtre de l’opprimé·e.
Le réseau ne souhaite pas devenir un « super groupe de TO » qu’on pourrait rejoindre indépendamment de son groupe ! Aussi, il n’y a pas d’adhésion individuelle.
Comment adhérer ?  L’idée générale reste:  
« j’ai vu le travail de tel groupe, c’est sympa, on devrait les inviter ! » Concrètement :
Au rythme de  chaque groupe, et dans l’ordre souhaité, trois conditions pour adhérer au réseau TO
a)
partager valeurs et pratiques, (1)
b) prendre le temps de se connaître mutuellement :
-voir des manifestations des groupes du réseau,
-inviter des groupes du réseau à voir ses propres manifestations.
) se présenter à une rencontre du réseau.

L’adhésion peut être validée à la rencontre suivante.
– Il est possible de préférer prendre plus de temps.
– Si nécessaire, un espace de débat collectif peut être créé au sein du réseau avant de confirmer l’adhésion.
En adhérant, le groupe règle sa cotisation annuelle. Celle-ci est à ajuster librement, en fonction des ressources du groupe et/ou de ses membres (2)

Les groupes adhérents à jour de cotisation sont présentés sur le site du Réseau TO, notamment sur la carte interactive des groupes. Leurs dates sont publiées, ils prennent part active aux décisions du réseau (chaque groupe a le même poids, c’est-à-dire une voix par groupe en cas de vote), leurs trajets vers les rencontres nationales sont pris en charge (ces trajets ne sont pas pris en charge avant l’adhésion). 

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(1) –les trois principes du réseau voir la page d’accueil du site www.reseau-to.fr :
– Désirer échanger entre praticien.ne.s,
– Pratiquer le théâtre de l’opprimé·e contre les oppressions,
– Préférer la coopération à la concurrence. (entre groupes TO)
-Les deux principaux modes de fonctionnement du réseau : 
– Alimenter la liste de discussion-diffusion ( par ex : récits, questions, demandes d’aide) a minima annoncer ses dates de spectacles ou de stages.
– Participer dans la mesure du possible, aux rencontres nationales.
-Statuts, Règlement Intérieur, charte (toujours en élaboration) : sur le site, onglet « membres » Nous y ajoutons:
– l’appartenance au réseau suppose une vigilance aux rapports de domination au sein même du réseau, et dans son propre groupe.
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(2) Tarifs d’adhésion : Le montant proposé a été calculé pour permettre une péréquation des trajets vers les rencontres nationales, ce qui constitue la principale dépense  (ainsi que  la location des salles, le maintien du site, les frais de secrétariat).
Une moyenne de 300 euros par an, MODULABLE LIBREMENT, a été votée en 2017. Mais le montant cotisé par chaque groupe est à l’appréciation de chaque groupe, il est basé sur la confiance.


Voyage dans le réseau: spectacle de rue contre les violences sexistes

LE DESOPPRESSOR 3000, forum de rue, par la Cie Arlette Moreau, de POITIERS. compagniearlettemoreau@gmail.com

Le 25 novembre 2023, la bande jouait deux fois en région parisienne. J’ai eu le plaisir de les voir, avec Nicole, à Cachan.
4 comédiens : Benjamin est le bonimenteur parfois le joker, Célestin, elle, est souvent la jokère, mais elle joue parfois un troisième personnage dans la scène.
La plupart du temps : deux personnages sur scène, toujours incarnés par les mêmes acteurs : « H » Hector qui est l’oppresseur  joué par Yoann. Ce personnage est masqué genre super héros négatif, Et « D » Daphnée, jouée par Marie, l’opprimée.
D’une grand roue multicolore à faire tourner par quelqu’un du public sort une des 12 situations de sexisme ordinaire, de violence «légère » faite aux femmes, qu’ils ont préparées.
Les 2 acteurs -parfois rejoints par Célestin pour un troisième personnage- la jouent aussitôt.
C’est rapide, très rapide : une image animée, quelques répliques, quelques secondes ! Ensuite le ou la tourneuse de roue est invitée à dire ce qu’elle a vu comme injustice, puis à venir sur scène AJOUTER un personnage de son choix : souvent un ou une amie, ou un témoin inconnue…
Les titres présents sur la roue, sont intrigants, exemples :
LA BLAGUE DE L’ABÎME : dans le couple, H fait une blague sexiste ; elle ne sourit pas, il conclut par « on peut plus rire de rien avec vous »!
LA MAIN DE L’ENFER (dans le bus, la main de H suit,cherche et met une « main au cul » à D)
LE PROTECTEUR DESTRUCTEUR le père qui surveille la tenue de son adolescente
LE BISOU DES TENEBRES du tonton un peu trop pressant
etc…
Parfois c’est au sein d’un couple, parfois entre un homme et une femme qui ne se connaissent pas (dans un bar, un parc, un bus), parfois entre amis, parfois père-fille…

Les interventions s’enchainent dans la vivacité, ponctuées par un jingle « Le Désoppressor 3000, mais tu es CA-PA-BLE ! (de lui résister) » et une « cérémonie » de quelques secondes où l’intervenant reçoit sous les applaudissements le BADGE D’OR sur lequel est écrit « ch’suis capab » Couleurs, chaleur humaine, côté camelot, tout se passe dans la bonne humeur et le sourire, on applaudit souvent, on compte en choeur « 3 , 2, 1… en jeu ! » avant chaque scène ou impro. Comment faire venir sur scène : ça commence par un simple « qui veut bien tourner la roue ? » (ça semble pas trop exigeant, puis… c’est parti ! La synthèse finale : la jokère donne souvent la parole à l’opprimée, plutôt que de parler elle-même. Puis la « cérémonie » joue le rôle d’accompagnement-remerciement de la spectatrice.

Nicole et moi sommes chacun venus tourner la roue et jouer sur scène, bien entendu ! Pour ce 25 novembre, ils jouaient à côté de stands féministes avec livres, brochure et adresses, qui distribuaient notamment le fameux « violentomètre » et affichaient les définitions de « la violence » proposées par les passant·es. A côté, les jeunes des centres sociaux proposaient des boissons chaudes et des crèpes ! Il faisait froid à Cachan, mais du soleil et un temps sec. A 17h et quelques, quand même, il était temps d’arrêter.

On a échangé ensuite un petit moment avec l’équipe, au chaud.
Certains se sont formés au CTO Paris, puis ont formé les autres. La Cie compte pas mal de monde (une douzaine ?) qui créent des TF « pro » et les vendent. Mais une trentaine de personnes (comédiens ou pas) peuvent aussi participer à la création d’un « théâtre invisible ». « Une idée, hop, on la travaille une journée en grand groupe, tout le monde est bénévole, et on la joue… parfois dans la journée. Ensuite, grandes discussions sur l’intervention ! ».
Rappelons que nous avions entendu parler d’eux par Bastien (pas a passo) qui avait envoyé un article paru dans Médiapart : Ils avaient vécu une suppression de subvention, après un théâtre invisible qui n’avait pas plu à la préfecture. La situation : chez eux, de nombreuses méga-bassines sont en projet (comme celle de sainte Soline); Ils avaient monté et joué la scène suivante : un stand supposé être « de la préfecture » annonçait que l’eau étant maintenant réservée aux méga-bassines il fallait donc s’habituer à boire… de l’urine ! Ils proposaient donc aux passants des bouteilles « d’urine de Préfet » en disant que celui-ci « avait décidé de payer de sa personne »… Hm… ça n’a pas plu en haut lieu !

La question qui nous brûlait les lèvres :
«pourquoi proposer d’AJOUTER un personnage, plutôt que de REMPLACER l’opprimée » ?

Pour eux, dans les spectacles de rue, c’est d’abord une question de rapidité, les gens passent, tout va très vite, et il serait difficile de remplacer l’opprimée, alors qu’on en a juste vu une image animée, sans en connaître davantage. Le risque serait aussi de culpabiliser la « victime ». Du coup, notre échange se poursuit sur la différence entre VICTIME et OPPRIMEE.

Pour JF, Quand on met en scène une VICTIME, donc quelqu’un qui ne peut rien faire à la situation, on préfère en effet ne pas proposer de la remplacer, mais on met en scène un personnage ALLIE qui tente ce qu’il peut, sans y parvenir. Celui-ci on peut le remplacer.Explications : La victime d’un viol ne peut réagir que selon ce que son « amygdale » (une zone très ancienne du cerveau) a prévu : la Fuite, le Combat, ou la Sidération (être sidéré, comme mort). Ce n’est pas un choix, pas un raisonnement, c’est un réflexe auquel la victime ne peut rien. Il est donc inutile de la remplacer pour lui dire, par exemple « bats toi » si son amygdale est programmée pour « faire la morte ». Par contre, l’opprimé·e a une marge de manœuvre. L’opprimé·e a une volonté et se demande comment la mettre en oeuvre. Dans un théâtre forum il ou elle demande des idées au public, du moins à celles et ceux qui subissent la même oppression, et on en débat tous, à égalité.


Pour Nicole : on revient toujours à la question de « QUI raconte l’histoire », et quand on crée des modèles d’après enquête et non pas à partir du récit de quelqu’un qui est là, on se retrouve toujours dans un certain flou concernant ce qu’on va oser demander au spectateur.Si on revient à la question initiale : « QUI ICI veut changer quelque chose et n’y arrive pas », pour moi c’est plus simple, ça peut être même la victime, ça peut être un allié.Par ailleurs se poser cette question peut faire qu’on va décider de montrer plutôt telle ou telle sorte de personnage victime/opprimé (personnage complètement paralysé et impuissant (cela existe dans la vie), auquel cas il faut un allié possible (un témoin), ou personnage qui tente kekchose même maladroitement.Je comprends très bien la position prise, concernant un spectacle de rue.

On se quitte alors qu’ils vont repartir dans la soirée à Poitiers, en camionnette. Ils sont intéressés par le réseau, par ses formations. On espère les voir les 6 et 7 avril 24 pour la rencontre N°19, et peut-être avant, à Poitiers.

Texte de JF jf.martel@orange.fr complété par Nicole missgriffassociation@hotmail.com
relu et corrigé par Benjamin des « Arlette Moreau ». 27/11/23

Rejoindre notre réseau TO

Notre réseau se compose de groupes qui pratiquent le TO. Les groupes qui en font la demande peuvent devenir membre associé, s’ils se retrouvent dans nos trois grands principes. Ils sont alors inscrits dans notre liste de diffusion/discussion, leurs dates sont diffusées dans nos « ACTU » du réseau. Un don (à montant libre) leur est demandé, ils sont invités aux rencontres du réseau et reçoivent toutes les infos, ils ont accès à la page « membres » du site.
Ils peuvent ensuite devenir « membres adhérents acrifs », sur cooptation (voir ci-dessous le texte « adhérer au réseau »

ADHERER AU RESEAU = DEVENIR MEMBRE ACTIF

Les adhésions concernent les groupes, collectifs, associations, compagnies, théâtres,  qui pratiquent le théâtre de l’opprimé·e.
Le réseau ne souhaite pas devenir un « super groupe de TO » qu’on pourrait rejoindre indépendamment de son groupe ! Aussi, il n’y a pas d’adhésion individuelle.
Comment adhérer ?  L’idée générale reste:  
« j’ai vu le travail de tel groupe, c’est sympa, on devrait les inviter ! » Concrètement :
Au rythme de  chaque groupe, et dans l’ordre souhaité, trois conditions pour adhérer au réseau TO
A)
partager valeurs et pratiques, (1)
B) prendre le temps de se connaître mutuellement :
-voir des manifestations des groupes du réseau,
-inviter des groupes du réseau à voir ses propres manifestations.
C) se présenter à une rencontre du réseau.

L’adhésion peut être validée à la rencontre suivante.
– Il est possible de préférer prendre plus de temps.
– Si nécessaire, un espace de débat collectif peut être créé au sein du réseau avant de confirmer l’adhésion.

En adhérant, le groupe règle sa cotisation annuelle. Celle-ci est à ajuster librement, en fonction des ressources du groupe et/ou de ses membres (2)

Les groupes adhérents à jour de cotisation sont présentés sur le site du Réseau TO, notamment sur la carte interactive des groupes. Leurs dates sont publiées, ils prennent part active aux décisions du réseau (chaque groupe a le même poids, c’est-à-dire une voix par groupe en cas de vote), leurs trajets vers les rencontres nationales sont pris en charge (ces trajets ne sont pas pris en charge avant l’adhésion). 

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(1)
–les trois principes du réseau voir la page d’accueil du site www.reseau-to.fr :
– Désirer échanger entre praticien.ne.s,
– Pratiquer le théâtre de l’opprimé·e contre les oppressions,
– Préférer la coopération à la concurrence. (entre groupes TO)
-Les deux principaux modes de fonctionnement du réseau : 
– Alimenter la liste de discussion-diffusion ( par ex : récits, questions, demandes d’aide) a minima annoncer ses dates de spectacles ou de stages.
– Participer dans la mesure du possible, aux rencontres nationales.
-Statuts, Règlement Intérieur, charte (toujours en élaboration) : sur le site, onglet « membres » Nous y ajoutons:
– l’appartenance au réseau suppose une vigilance aux rapports de domination au sein même du réseau, et dans son propre groupe.
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(2) Tarifs d’adhésion : Le montant proposé a été calculé pour permettre une péréquation des trajets vers les rencontres nationales, ce qui constitue la principale dépense  (ainsi que  la location des salles, le maintien du site, les frais de secrétariat).
Une moyenne de 300 euros par an, MODULABLE LIBREMENT, a été votée en 2017. Mais le montant cotisé par chaque groupe est  à l’appréciation de chaque groupe, il est basé sur la confiance.

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Texte adopté les 23/24 avril 2022

Rendre notre site visible

Pour que notre site soit une vitrine visible

1) La rencontre des 1er 2 avril 23 vous demande, à chaque personne, de choisir le site du réseau TO comme page d’accueil quand vous allez sur internet. Vous ne resterez sur cette page qu’une seconde ou deux, le temps de taper le site que vous voulez visiter. Mais cette connexion sera comptabilisée par les algorythmes des moteurs de recherche, et notre site sera mieux répertorié, si beaucoup de monde suit ce conseil.
Comment faire ?
Si vous utilisez Firefox : il suffit d’ouvrir la page du réseau : www.reseau-to.fr puis en haut, vous sélectionnez l’adresse du réseau, puis vous la glissez-déposez sur la petite maison qui est juste à gauche ! C’est tout !Pour les autres navigateurs, je vais chercher, mais peut-être savez-vous déjà le faire ? Dans ce cas indiquez nous la marche à suivre, merci, à contact@reseau-to.fr
avec safari : à compléter
avec Microsoft Edge (le remplaçant d’Internet Explorer) : à compléter
avec chrome : à compléter

2) Insérer le lien www.reseau-to.fr dans le site de votre groupe TO, en bonne place.
Ça s’appelle un back link. C’est ce qui est le plus efficace pour être bien classé dans les moteurs de recherche. Ce lien, mettez-le assez visible sur votre site, par exemple lorsque vous vous présentez, parlez de vos orientations, vous pouvez fièrement afficher que vous êtes membre adhérent, membre fondateur, membre associé du réseau TO ! (et mettre le lien). Vous pouvez aussi l’indiquer dans votre page face book etc…

Le réseau TO n’est pas un de vos contacts, ou un de vos partenaires ! Vous en faites partie !

La rencontre des 1et 2 avril 23 a aussi demandé que vous le mettiez dans vos signatures, par exemple en bas d’un mail… Exemple de signature:
T’OP ! Théâtre de l’opprimé (lille) tel, site… membre fondateur du réseau TO www.reseau-to.fr

JF secrétaire du RTO 06 85 54 99 68

Un atelier TO et trois théâtres forums en Pédagogie Freinet

Voici un extrait (le deuxième) d’un texte de 3 parties, qui m’a été demandé par l’ICEM (le mouvement Freinet). 3 chapitres ci-dessous: introduction, l’atelier, les 3 scènes de théâtre forum public.

Introduction : Du théâtre libre au théâtre de l’opprimé

J’ai rencontré la pédagogie Freinet en mai 1968. Devenu instituteur peu après, j’ai très vite mis en place le théâtre libre dans ma classe unique à Oudeuil (60). Lorsque je m’interrogeais sur l’aspect conformiste du jeu des élèves (adultes dominant systématiquement les enfants), un échange avec les collègues du groupe départemental de l’Oise m’a particulièrement éclairé. Alors que je pensais avoir échoué parce que les enfants reproduisaient les rapports de dominations enfant/adultes dans leurs improvisations, ils m’ont permis de comprendre que je pouvais regarder autrement leurs créations : lorsqu’un enfant joue un adulte, il met en scène les rapports de force générationnelle et d’autorité patriarcale tels qu’il les ressent, les vit. Il prend son rôle au sérieux.

Or, le théâtre, c’est sérieux, et si c’est sérieux, ce qui se passe sur scène, c’est tout simplement vrai. Par conséquent les acteurs avaient mis en scène… la réalité.

Je pense à cette phrase que j’allais bientôt rencontrer : « l’image de la réalité est réelle en tant qu’image ».

Restait la question : comment sortir du conformisme et de l’ordre établi ? Avec un début de réponse : l’image théâtrale, celle des désirs, des rêves, est donc réelle, elle aussi. Alors… Et si on apprenait à jouer nos rêves ? Les vivre viendra peut-être ensuite… (voir dans la rubrique « Coups de projecteur » .)

En 1980, invité par des collègues de l’école moderne, j’ai participé à un stage de formation au Théâtre de l’Opprimé, rencontré Augusto Boal et suis allé voir des spectacles de théâtre forum : nouvelle révélation ! Je me suis formé à cette méthode notamment au cours d’un stage Freinet autogéré d’un mois, à l’École normale d’instituteurs, en 1983. Nous avions alors travaillé une semaine entière avec des formateurs du T.O. ce qui avait abouti à la création d’un groupe « théâtre de l’opprimé » au sein de l’IDEM 60 (institut départemental de l’école moderne).

Nous avions commencé par monter un théâtre forum sur nos propres problèmes de militants pédagogiques, pour le jouer ensuite au congrès ICEM de Nanterre. A notre grand plaisir, les congressistes venus nous voir jouer nous dirent : « Tu es venu visiter notre groupe ? Non ? Pourtant c’est bien lui qui est décrit » ! la situation présentait donc un aspect universel et ils s’étaient bien reconnus, malgré la particularité des anecdotes mises en scène.

1. UN ATELIER HEBDOMADAIRE A L’ECOLE VIALA (Lille, 2002).

Une partie de l’après-midi du lundi est consacrée à des ateliers décloisonnés où les enfants de CE2 et CM s’inscrivent librement, pour un trimestre. J’anime l’atelier théâtre avec 16 inscrits. Nous disposons d’une grande salle au sol en parquet ciré, très agréable. Les séances durent environ 1h 30, parfois un peu plus si on « mange » la récréation.

Comme d’habitude, je commence par proposer des jeux issus de « l’arsenal » du Théâtre de l’Opprimé, liés à nos cinq sens : sentir ce que l’on touche, entendre ce qu’on écoute, voir ce qu’on regarde, se souvenir des goûts, des odeurs, mettre en jeu plusieurs sens… Souvent, je propose un bref tour des ressentis de chacun·e après le jeu. Ensuite j’en arrive au théâtre image, puis au théâtre image avec création de personnages, enfin à l’improvisation, puis au théâtre forum. (Ces différents termes seront expliqués au fil du texte).

En cercle, je précise quelques consignes : ici, tout est libre :

– On peut se retirer discrètement d’un jeu qu’on n’aime pas, si possible sans gêner les autres. – Chacun·e pourra accepter ou refuser de jouer tel ou tel rôle sans avoir à se justifier.
– On peut raconter en dehors ce que soi-même on a fait dans les jeux, mais pas ce que les autres ont fait, et c’est encore plus vrai à propos des improvisations ou des récits.
– Nous choisirons ensemble la distribution des rôles et ce que nous montrerons au public si un spectacle final est prévu.


2. LE SPECTACLE PUBLIC

Il dure une heure trente avec les interventions du public et compte trois scènes. Nous verrons plus loin comment nous y sommes parvenus, après des jeux préparatoires, puis des techniques de T.I. (théâtre image), qui ont préparé les récits et leur mise en scène théâtralisée.

2.1 Le rôle de chacun pendant la représentation

– Le joker ou la jokère (la personne formée au TO) mène la séance, présente les règles.
– Après chaque histoire jouée, les spec-acteurs pourront intervenir (un par un) mais pas depuis la salle, uniquement en venant sur scène, La circulation de la salle à la scène et retour est réglée par le joker.

– On vient sur scène de sa propre décision, ni poussé par un ami, ni (encore moins) par un adulte !
– Les acteurs conservent les rôles de leurs personnages, ne s’expriment pas en tant qu’eux-mêmes.

– Sur un clap du joker,les acteurs s’immobilisent en silence, se figent en plein mouvement.
– Après chaque intervention du public sur scène, le joker ou la jokère demande à l’intervenant·e « As-tu pu tenter ce que tu voulais tenter ? ». Il ou elle le ou la remercie, tente une synthèse et questionne la salle.

2.2 Première scène : « fille aînée, je fais tout »

Cette scène a eu un grand succès. Nicole fait la vaisselle, puis repasse, pendant que ses frères regardent la télé ou jouent. Dans la salle, les garçons rient, se donnent des coups de coude, en disant « Oui, oui, c’est bien comme ça» !

A la fin, je pose nos questions rituelles :
– Pensez-vous, comme Nicole, que ce n’est pas juste ?

Mouvements divers.

– Pensez-vous que ça pourrait être autrement ? (le public discute en mode brouhaha deux minutes).
– Nous allons rejouer la scène, et vous allez pouvoir intervenir. Voici comment : si un personnage te ressemble, si tu penses qu’il ou elle a la même volonté que toi, et si toi, à sa place, tu voudrais t’y prendre autrement, alors lève la main, j’arrêterai les acteurs, et tu pourras venir le ou la remplacer sur scène pour improviser une attitude différente. Les acteurs vont improviser avec toi, essayer de réagir comme le feraient leurs personnages dans la réalité.

Plusieurs filles sont vite venues sur scène remplacer Nicole, une d’elles a même tenté de donner le « fer à repasser» à son frère qui refusait en criant « j’suis pas une fille ! ».

Enfin, des garçons ont voulu venir jouer un frère solidaire de Nicole.

Précisons que la repasseuse, munie d’une boîte en plastique, (son fer) et d’une vraie chemise, jouait le rituel du repassage à la perfection. Elle tenait donc sa boîte comme un objet véritablement brûlant. Au cours des remplacements, on a vu que les garçons qui acceptaient d’inverser les rôles traditionnels, laissaient facilement le fer « brûler » la chemise en omettant de le redresser avant de le lâcher ! Et Nicole ne manquait pas de le faire remarquer (rires). D’autres repassaient la chemise en laissant les manches emmêlées. « T’es vraiment nul ! »
Ces remarques suscitent la question de l’apprentissage : quand et comment on apprend, (et de qui) ? à faire la vaisselle, laver le sol, faire un gâteau, repasser, etc.
On a bien ri, surtout en entendant une fille dire à son (vrai) frère venu repasser sur scène : « Ce soir je dis à maman que maintenant, c’est toi qui va repasser !»

2.3 Deuxième scène : « je suis un garçon, mais… »

Stéphane, que j’ai en classe, semble bien dans sa peau et a tenu à jouer son propre rôle. On le voit vivre à l’école dans ses vêtements multicolores. En récréation il joue avec les filles, il est proche de certaines en classe… Une scène montre quelques conflits avec ses parents à propos de ses cheveux et de ses vêtements.

Une autre scène raconte enfin le fameux rendez-vous entre l’enfant, sa mère, et la psychologue. Stéphane tient à nous montrer une psychologue normative, bien sûr jouée par une enfant.

Elle interroge Stéphane sur ses goûts, fait de petites grimaces, questionne sa mère sur sa petite enfance. Stéphane s’énerve et se défend :
« J’ai bien le droit de jouer à l’élastique, non ? » Mais la psy lui rétorque : « Tu es un garçon, ne l’oublie pas ». La mère ajoute « Tu as compris ? Alors joue avec les garçons ».
Stéphane sort en colère, puis pleure.
Fin de la scène.

Bien conscient que les enfants ne peuvent pas eux-mêmes résoudre ce problème, je ne demande pas au public : « Que feriez-vous à la place de Stéphane » ? mais je propose de venir sur scène sculpter l’image idéale (technique décrite plus bas).

Les enfants, l’un après l’autre, viennent modeler les acteurs (comme dans le jeu des statues, décrit plus loin) en leur montrant aussi quel visage faire (en miroir). On obtient vite un consensus : une mère et une psy approuvant Stéphane, qui est tout sourire.

Je demande ensuite « Dans la réalité, comment cela pourrait-il aller mieux pour Stéphane ? » (J’ai repéré dans la salle quelques adultes bienveillants). Aussitôt une femme vient remplacer l’enfant qui joue la psy. S’adressant à l’actrice qui joue la mère, elle lui demande :

– Vous avez peur de quoi ?

– …

– Qu’il devienne homosexuel ? C’est ça ?

– …

– Mais Madame, on ne devient pas homosexuel. Laissez le jouer et s’habiller comme il veut, ça ne changera rien ! L’homosexualité, ce n’est pas une maladie, ça ne s’attrape pas. Ce n’est pas interdit et c’est respectable…
Applaudissements, sans commentaire. Stéphane rayonne.
Je n’insiste pas en proposant d’autres remplacements. Il a été soutenu publiquement par une adulte, il l’a vécu, ressenti, et les enfants ont entendu.

Nous étions en 2002, Je pense que vingt ans plus tard, le débat aurait pu être différent. Les mœurs et les réflexions sur le genre ont évolué, heureusement.

2.4 Troisième scène : « Encore une bagarre aux toilettes ? »Au cours d’un remplacement, une petite vient se plaindre auprès des maîtresses qu’un grand a ouvert la porte des cabinets pendant qu’elle y était, et s’est moqué d’elle. Réponse musclée de l’enfant qui joue la maîtresse :
« Je l’ai déjà dit à tes camarades qui se plaignent ! Pfft… On est deux, on surveille la cour et le jardin, on peut pas être partout, débrouillez vous entre élèves. »

Silence. Puis la petite venue remplacer l’enfant, ajoute tranquillement :
« Mais madame, je crois qu’il faudrait trois maîtresses en récréation : une pour la cour, une pour les toilettes et une pour le jardin. Pourquoi vous faites pas comme ça ? ».

Stupeur des enfants-acteurs qui jouaient les adultes, et qui ne savaient plus quoi faire. Gros applaudissements dans la salle. Je savais qu’un conseil d’enfants allait avoir lieu, et j’ai pu constater plus tard que la question y avait été abordée.

Béatrice, membre du personnel municipal, appréciée de toutes et tous, avait jusque là pour missions d’ouvrir et fermer les portes extérieures, soigner les bobos, nettoyer les vomis, balayer les couloirs, réconforter… L’année suivante, ses taches ont été rediscutées avec elle, sa hiérarchie et l’équipe pédagogique. Elle se tient maintenant systématiquement, pendant les récréations, à l’entrée des toilettes, avec sa chaise et sa petite mallette d’urgence. Plus de bagarres d’eau, ni de portes qui s’ouvrent sauvagement. Le théâtre forum peut avoir des effets dans la vie réelle des institutions.

2.5 Remarques sur ces trois scènes.
Dès la première intervention, je me place en bord de scène, mais face à l’intervenant·e. Clap de début : improvisation. À moi d’arrêter l’intervention par un clap ou un stop, au moment où j’ai l’impression qu’on n’ira pas plus loin. Les acteurs s’immobilisent et tiennent la posture, sans commenter. Je demande alors à l’intervenant·e : « Est-ce que tu as pu faire ce que tu voulais ? Veux-tu continuer ? » et je remercie pour la tentative. Puis je pose des questions au public, en m’abstenant absolument de juger : « Ça va mieux comme ça ? », « Est-ce plus juste ? ». J’essaie de faire une synthèse de l’intervention, puis demande  « Qui voudrait prolonger cette intervention ? », « Qui a une autre idée, différente de celle-ci ? », Et j’ajoute…. « Ne raconte pas ton idée, viens la jouer ! »

Les interventions se succèdent, parfois contradictoires, ou surprenantes. Au cours des moments de forum il y a toujours des hésitations, des velléités d’intervention que je tente d’encourager, mais sans jamais obliger.
Quand c’est possible, il est agréable de terminer la séance par une intervention réjouissante, touchante ou optimiste.

Des formations au théâtre forum sont proposées sur le site www.reseau-to.fr

  1. Retour sur le processus de création du théâtre de l’opprimé en classe
    ce sera le thème d’un prochain écrit.

Jf Martel 06 85 54 99 68

Rencontre N°17 du RTO, 1 et 2 avril 2023, Clermont-Ferrand.

Compte-rendu de la 17ème rencontre du Réseau TO Sam 1er et Dim. 2 avril 2023 à Clermont-Ferrand.

Samedi :
jeux proposés par Fatima et Joelle
Présentation de 4 nouveaux groupes
Discussion sur les modes de fonctionnement de différents groupes
Par l’Attelage : revisite théâtralisée de l’histoire du TO
Jeu proposé par Manon
Travail en forum sur nos difficultés d’animateurice ou de joker.e
Partages en sous groupes de 3 expériences:

– le festival de Jana-Sanskriti par Noémie,
– la rigolothérapie (JP Besnard et Aude)
– Un travail à Mayotte par Jérome
Puis Bilan et Spectacle clown de Ficelle et retours des spectateurs

Dimanche
-Jeu proposé par Bastien
-Assemblée générale statutaire, ,décisions concernant le site, prochaine rencontre du réseau.
-Deux groupes de travail:
1) Faire un atelier de TF en une heure
 ?
2)
Comment travailler en binôme quand on est en désaccord ?
Forum sur une scène du Potimarron, Annonces et bilan

Samedi 1er avril 2023
10h Ouverture par Fatima et Jeux de démarrage. Le premier animé par Joëlle :
Dire son nom et un mot qui commence par la même lettre et un geste. -Le deuxième animé par Fatima : Se poser sur une carte géographique.

Les 30 présent.es, leurs 13 groupes, leurs régions :
-Jean François, Darline, de Et Toc ! (Plateau de Millevaches)
-Annie, Audrey (Tarbes, 65)
-Jean-Mi, Jacqueline du Potimarron (Strasbourg) et Manon de Citar (Strasbourg)
-Carine, Fatima, Pierre, Fabienne, Cathy de Naje
-Jean-Pierre B , Caravane-Théâtre (Toulouse)
-Delphine, Aude, Cie Si les Sardines (Loguivy-Plougras 22)
-Cyprien et Frédérique, L’attelage (Lorient)
-Joëlle de Brest
-Anne, La Troupuscule, (Drôme)_
-Jérome du collectif Méta-morphose (Lyon)
-Pauline et Bastien De Arts Qi Med (Billom, 63)
-Marline du groupe de Brioude (63)
-Noémie, Alice, Pauline, Christelle, Catherine, Sébastien de Ficelle (Clermont)

Puis Espace stop.

Présentation de 4 nouveaux groupes :

Le Potimarron passe ses activités à Citar (Manon et Robin).
Citar
ne fait pas que du forum. Manon est là depuis octobre. En études de socio médiation et criminologie pour être enseignante chercheuse aussi. Citar est composé de 3 permanentes. Travaillent en maison de retraite, font une comédie musicale avec une école, écrivent des textes, font de la marionnette…

Annie et Audrey : travailleuses sociales du Conseil Départemental (Tarbes, 65).
Elles ont le théâtre forum comme un outil du travail social. Groupe d’adultes chaque semaine pour spectacle en fin d’année et groupes d’ados deux jours pendant les vacances scolaires. Le TO est de plus en plus connu dans leur région mais elles ne peuvent pas aller travailler sur sollicitation de partenaires extérieurs au Conseil Départemental car elles ont la contrainte de travailler pour leur public cible donc les personnes en difficulté. Question posture, elles ont une double casquette : ce qui se dit dans les ateliers est secret sauf si information préoccupante.

Marline de Brioude (63) : Projet sur la transmission agricole mené avec Ficelle. Maintenant deux scènes sur la transmission agricole. Actuellement sont sur un appel à projet pour travailler avec des personnes en isolement et précarité. Pour l’instant il y a un groupe Cada, un groupe paysannes, un groupe Secours Catholique, un groupe femmes subissant violences conjugales. Pour le moment iels est rattaché.es à un autre groupe et sont bénévoles mais vont réfléchir à ce qu’iels veut faire pour la suite (se structurer, trouver des financements)

Arts qi med à Billom (63) : Pauline et Bastien. Se sont formé.es avec Cotéact « théâtre forum de la complexité ». Les personnes de Cotéact étaient au départ ingénieurs agronomes et ont commencé sur les relations enseignants-stagiaires et ont développé ensuite sur des thèmes beaucoup plus larges). Un  pôle création spectacles, ateliers et évènements. Th. forum en spectacles et ateliers en collèges lycées, école d’infirmière (gestion d’émotions, gestions situations complexes, équipe… ), école d’avocats, travail à l’année sur deux maisons d’enfants. Pratiquent plusieurs activités artistiques : du th-forum, du th-d’impro, du chant, de la danse. Se rencontrent une fois par mois en collectif associatif pour faire une création, la dernière : sur l’eau.. Tous les deux intermittents du spectacle, ils font leurs spectacle en établissements scolaires et ça marche très bien. Ils ont un spectacle sur l’environnement. Utilisent le parcours artistique pour faire par exemple un atelier de 2 X 5h. il y a aussi le pass culture qui fait des financements. Pauline dit que dans les ateliers d’une heure, tu peux balancer des choses. Elle a même fait des ateliers d’une demi-heure !

Jean-Pierre Besnard, Caravane théâtre (Tlouse) . Travaille beaucoup à l’étranger. Travail sur le th. forum par internet avec des étudiants au Brésil. Des gens de différents pays sont venus via le net donner leurs idées d’intervention pendant des forums publics. Le joker demandait dans la salle si quelqu’un voulait bien venir jouer ces idées en scène.
Jean Pierre pense que c’est l’outil à développer car les instits et profs peuvent s’en saisir juste avec un livre qu’il a fait qui donne le mode d’emploi et qui leur permet d’être autonomes. Mais Jean-Pierre dit qu’il ne comprend pas pourquoi ça n’a pas été plus repris. Aude essaie de mettre ça en place au Burkina.

Jérome du collectif Méta-morphose à Lyon. Deux comédiens formés à NAJE ont décidé de s’unir pour monter quelque chose. Ont trouvé des sous et ont appelé MF Duflot puis Aude pour former le collectif. Une bonne partie des gens du collectif voudraient en vivre. Notre collectif fonctionne en horizontalité. Ce qui donne des longueurs pour prendre les décisions ensemble, mais apporte plein de richesses. Sont basés entre Lyon et St Etienne.

Discussion sur nos modes de fonctionnement et les questions que cela pose : compagnies militantes et professionnelles, nos différents modes d’organisation…

Anne Troupuscule : il y trois semaines, on a abordé ces questions. Qu’est-ce qu’on fait avec les bénévoles sur des projets où on rémunère les comédiens. On s’est dit qu’on porte la cie, c’est pourquoi on est justifiés à être payés, Il y a les comédiens qu’on paie parce qu’on a besoin d’eux et il y a des bénévoles avec qui on fait des créations sans rémunération des bénévoles.

Anne : pour trouver un équilibre financier global, on a mis en place des outils pour regarder cela. On a mis en place une valorisation relation commanditaire pour celle ou celui qui fait le travail.

Arts Qi Med. Bastien : Pauline et moi sommes intermittents et faisons vivre la structure. On a mis en place un volet associatif avec réunion une fois par mois. On ne devrait pas le porter, mais en fait c’est nous qui portons. Cela baisse. Si nous on propose une date les gens vont venir mais ils ne vont pas prendre en charge. On a l’idée d’aller vers un collectif de gestion, mais pour l’instant ils sont un peu éloignés de l’activité.
Pauline : Moi ça me gêne qu’un bureau composé de gens extérieurs décide pour les comédiens qui ont monté et portent la compagnie.

Méta-morphose
 Jérome : Notre modèle est social et solidaire. On paie tout pareil aux comédien.s mais on ne facture pas tout pareil. Nous, si on fait un truc militant, on est payé pareil. On a un salaire équivalent à 10% du contrat pour celui ou celle qui fait le travail de coordination sur une action.

Et toc ! 
Jean François : On en discute en permanence, le fonctionnement est très collégial notamment deux jours de travail par mois ensemble. Pour l’instant on a choisi de n’être pas rémunérés personnellement, sauf exception, sur les actions qu’on mène. Ceci permet de ne pas sélectionner nos activités en fonction de l’argent qu’il y a pour les faire. Et aussi d’ouvrir la compagnie à de nouvelles arrivées (On a commencé à 6 ou 7. On est une quinzaine aujourd’hui.) L’argent qu’on a sert essentiellement à la formation. On jongle pas mal. On n’est pas tous impliqués pareil au même moment. Tout cela reste en débat et peut évoluer selon les besoins.

Naje : 
avant on avait une organisation avec des comédien.nes fixes et toujours dispo. Là, ça change un peu. On fait entrer plusieurs comédien.nes… Comment on les paie pour se former, répéter, jouer… Notre chargée de production spectacle est intermittente du spectacle.

L’attelage, Cyprien : on s’était dit qu’on travaillerait avec ceux qui n’ont pas d’argent aussi, mais on le fait très peu car on n’a pas tant d’avance de fric pour payer ce travail. On négocie les tarifs avec les commanditaires qui nous semblent intéressants.

Citar: 
Manon : Je suis très seule. Ma Cie est plus une structure porteuse. Cela ne me satisfait pas. C’est lourd aussi de démarcher, négocier mes projets. Je dois jongler entre mes activités rémunératrices et non. Je vais devenir intermittente, ça va marcher. J’ai plein de cordes à mon arc pour créer avec mon co. Processus long mais en cours.

Ficelle et Cie, Noémie : que l’action soit payée ou pas par le commanditaire, les comédiens sont payés pareil. Peu de plans bénévoles car on est peu sollicités par des associations militantes. Nous ne sommes pas repérés la-dessus sur le territoire. On varie nos tarifs en fonction des structures et de leur possibilités financières. Avant on avait plus de bénévoles et de gens en formation. Depuis 2 ou 3 ans il n’y en quasiment pas. Nous sommes deux à faire le travail administratif.
On ne se réunit pas souvent entre les comédien.nes, on parle avec ceux et celles qui sont là en répétition. Il y a aussi le CA qui fait son travail. Si on sollicite des comédiens ou des bénévoles c’est pour une action complète et l’engagement vaut sur la durée de l’action.

Questions sur le régime des salariés 
Si les sardines, Aude : Intermittents et régime général. On a pensé longtemps qu’il fallait une personne en régime général pour les ateliers et formations. On fait autrement maintenant.
(à naje : la chargée de production spectacle est intermittente du spectacle).

Jérome (Méta-morphose): une moitié d’entre nous est en régime général. Notre collectif ne gère pas les paie mais fonctionne par factures. Les intermittents ont charge d’aller chercher une boite de prod qui gère pour eux et qui va nous facturer.

Manon (Citar) : On a le droit de déclarer 70h d’atelier en intermittence. (Manon nous enverra le texte).

Frédérique (L’attelage) : demande à Jérome s’il cotise pour sa retraite avec sa micro entreprise. Une mini débat s’ensuit sur les cotisations retraite des un.es et des autres.

Pause déjeuner. Après midi : jeu dirigé par Manon

Je suis…. parce que… Cela se fait en cercle avec une personne au milieu. 4 ou 5 personnes à tour de rôle disent à cette personne: « Tu es…X » Elle doit répondre « je suis…X. Parce que… « 

Ex:  « Tu es Cléopâtre » et elle répond « je suis Cléopâtre parce que je suis allée en Egypte ».
Au bout de 4 ou 5 « tu es » le 4e ou le 5e vient au milieu et on lui dit Tu es… etc. jusqu’à ce que tout le monde soit allé au milieu (on peut faire deux cercles si on est nombreux pour que tout le monde puisse passer au milieu).

14H 30 : L’histoire du TO avec Cyprien et Fred. Ils ont décidé de faire une présentation théâtralisée pour faire comprendre ce qu’est le théâtre de l’Opprimé. Avant de réaliser cette présentation, dire au public qu’on va interpréter des rôles. 1ère partie présentation classique avec le rappel à Augusto Boal. Puis ensuite les paysans sont joués par les animateurs et le public réagit et participent aussi.
Puis le récit continue. Ensuite, l’animatrice joue la femme trompée par son mari et qui le découvre en apprenant à lire. Nous Faisons participer le public sur les solutions possibles… jusqu’au moment où la femme monte sur scène ! Ensuite explication sur la naissance du théâtre forum.

Retours du groupe :
– Faire encore plus dans la partie théâtralisée et l’interaction avec le groupe.
– L’alternance entre une partie théâtralisée et une partie narrative est intéressante car cela montre que la frontière entre le public et les acteurs est fine du moins dans le théâtre forum.
L’histoire de la dame trompée qui dit son problème, la mise en scène et le forum, cela dit très bien ce que va être l’atelier.

15h : Difficultés rencontrées au cours des ateliers. Recueil de situations :

-Un père qui dit pendant un atelier « hors de question que ma fille sorte »

– Une femme victime de son mari qui boit et le groupe qui dit qu’elle doit accepter

– Situation de harcèlement au travail et finalement la personne n’est pas soutenue

– Atelier où des jeunes pensent que tout ça ne sert à rien et qui dénigrent tout

– Dans une équipe à pb, l’équipe ne coopère pas pour trouver des solutions

– Discriminations « mon fils s’il est pédé je le tue ».

– Avec un groupe de jeunes, les encadrants qui interviennent mais n’apportent pas de solutions, au contraire qui pourrissent plus la situation.

– Racisme structurel : en fin de TF sur le privilège blanc, intervention d’une chercheuse qui dit que tout ce qui est dit sur les blancs lui fait violence et une personne racisée fond en larmes.

4 Histoires sont choisies :

1 – La fille qui ne sortira pas

2 – S’il est pédé je le tue

3 – En spectacle sur le privilège blanc

4 – Les encadrants qui pourrissent l’atelier

1er groupe. La scène : « Oups ! des oppresseurs dans la salle !

Accueil d’urgence et violences conjugales : Il s’agissait de mettre en scène un repas de famille où une fille ne peut pas sortir. Les participants à l’atelier disent que c’est normal à 16 ans, leur fille ne sort pas et une autre ajoute « mon fils OK mais ma fille non ». Comment soutenir l’animateur du stage ?

Forum :
-Demander pourquoi c’est un problème une fille qui sort et pas un garçon. Pourquoi plus de risque pour une fille, est-ce que ça ne vient pas justement du fait qu’on ne permet pas aux filles de sortir. Est ce que les femmes du groupe ont elles aussi peur de sortir le soir, est ce que cela n’est pas un pb ?… est ce que les pères sont ok pour que leurs filles soient en danger dans ce quartier ?

-Faire exprimer l’avis de la fille.

-Proposer un débat, ne pas faire la scène.

-Jouer une scène mais ne pas jouer son propre personnage.

-Dire qu’on voit les différentes opinions et que cette scène est très parlante pour les ados,on peut mettre en scène ce qui vous paraît injuste

-Mettre en scène les différents opinions ceux qui sont d’accord pour ne pas faire sortir la fille ou ceux qui sont d’accord.

2ème groupe. La scène : Une femme juive et blanche dans la salle dit à la fin du spectacle sur le privilège blanc : « c’était insupportable pour moi de ne pas pouvoir remplacer des personnes racisées, car je suis victime de racisme en tant que juive, et m’interdire cela c’est faire un déni d’humanité. On est des êtres humains donc on peut ressentir ce que ressentent les racisés.

Une jeune femme noire (dans la salle) pleure. On lui tend le micro : « entendre dire que vous pouvez ressentir ce que nous ressentons, ça m’enlève l’espoir. Vous ne savez pas ce qu’on vit tous les jours nous. Ca s’arrêtera jamais en fait ».

Forum: quelques propositions de réponses de joker.e :

Sébastien : Notre Cie a fait le choix politique de proposer le forum comme ça. Je suis désolée si ça crée une frustration. Oui c’est frustrant. Mais c’est notre choix. D’autres personnes sont venues sur scène et il y a eu de belle idées.

Marline : Au début du spectacle, la jokere dit que la personne qui a vécu cette histoire souhaite que ce soient des personnes noires comme elle, qui la remplacent parce que quand une personne blanche remplace une noire ça peut faire comme un conseil.

Jérome : En guise de bilan mettez votre main sur une échelle de 1 à 3. Allez y.

Après le spectacle elle va voir en privé la personne qui a baissé la main et tâche de parler avec elle.

Jean François  : On a choisi de faire comme cela, mais on pourrait jouer aussi une oppression d’une autre catégorie de discrimination. Aujourd’hui nous nous sommes centrées sur une question particulière. On travaille pour vous aussi, même si vous n’avez pas pu intervenir.

Jacqueline : vous avez vécu des situations de discrimination mais la situation est que Israël est un état d’apartheid. Tous les villages détruits, les enfants…

Anne : J’entends que vous vous êtes sentie en empathie avec la personne et ça c’est un cadeau pour nous. Et je veux vous dire aussi que parfois on est des opprimés, parfois des oppresseurs, on vit des privilèges sans en avoir conscience. Parfois on passe du côté des oppresseurs sans se rendre compte. Sur cette thématique là, vous n’êtes pas opprimée. Votre peau est blanche, mais vous vivez d’autres oppressions.

Aude : On est là pour s’entrainer. Vous ne prendrez jamais la place de la noire dans la réalité donc ici prenons les places qui sont les nôtres.

Delphine : Moi qui ne suis pas juive, je ne pourrais pas non plus prendre votre place si on mettait votre situation en forum.

3ème groupe : En collège, classe de 4ème, 2 animatrices sur la vie affective et sexuelle. Jeux « tabous ». On tire une carte au sort et on fait débat dessus. 1ère carte : LGBTQIA+. Un des jeunes dit : « si moi, j’ai un fils homo, je le tue ».

Sébastien : Poser des questions : de quelle manière vous allez le tuer ? Quand vous allez vous en rendre compte, il sera grand, ça ne se voit pas à la naissance. Dans ce cas-là, il vaudrait mieux ne pas faire d’enfants, c’est dommage de tuer ses enfants…

Ensuite, il en parle en privé avec l’éducateur ,lui demander pourquoi il-elle a fait ça. Il exprime qu’il l’a contredit devant les jeunes et que cela est un problème.

Jean-Michel : D’accord, c’est bien, tu as un fils et tu es contente d’avoir tué ton fils. Est-ce que tu es heureuse d’avoir tué ton fils. Et ensuite, qu’est-ce qu’il se passe ? Que va dire son père ? Tu vas aller en prison, pendant 20 ans environ. Et en prison, certains ne vont pas supporter ton acte, donc toutes les femmes en prison vont te faire une vie de dingue et tu vas souffrir toute ta vie. Et à ce moment-là, tu vas réfléchir, si tu n’as pas réfléchi avant.

Tu pourrais demander à ton fils s’il veut bien être tué par toi.

Carine : Pour toi, quand on est parent, on a le droit de vie ou mort sur ses enfants ? Donc tes parents pourraient décider de ta vie, de ta vie amoureuse… Et si tu tombes amoureux d’une telle, tes parents pourront dire non… ?

Bastien : Qu’est-ce que vous en pensez les autres de ce qui vient d’être dit ? De tuer son enfant ou de ne pas accepter un enfant homo ? En parlant de son point de vue à soi.

Jacqueline : Je dirai au jeune « je voudrais te parler de ma propre expérience. Je trouve que les homos sont des amis merveilleux. J’ai beaucoup d’amis homos dont un que j’ai accompagné jusqu’au bout ».

Fred : Est-ce que tu vas bien ? Tu as l’air tendu quand tu dis ça… Est-ce que vous savez pourquoi on est là aujourd’hui ? Est-ce que vous en parlez dans votre famille ? On est là parce que c’est dur d’en parler à l’extérieur, notamment à la maison… Qu’est-ce qu’ils vous disent vos parents par rapport à tout ça ? Pour certains, on peut en parler avec les parents, pour d’autres non. Certaines choses peuvent être choquants pour certains, et pas pour d’autres. Et on a toute sa vie pour changer d’avis. Je ne vais pas plus t’embêter parce que tu n’as pas d’enfants.

Delphine : Qui connaît la définition de l’homophobie ? Puis relancer par le jeu de cartes.

4ème scène : Mise en abîme. La scène :
Une jeune fille parle de sa situation d’injustice dans la famille, sur la question du genre. L’éducateur du groupe joue le rôle du père. Mais il sort de son rôle à un moment pour dire : « on se monte la tête et il y a risque qu’on embrouille les jeunes avec tout ça. Si ça se trouve, sa mère, elle est contente avec tout ça. Moi ma femme c’est elle qui veut tout faire à la maison »… Et les jeunes écoutent l’éducateur. Le joker rappelle qu’on est en solidarité avec la jeune fille.

Fatima : Discussion avec l’éducateur avant l’atelier. Qu’est-ce que tu as compris de ce qu’on allait faire ? Et je vais te préciser que c’est du théâtre de l’opprimé… On part de leurs histoires où ils sont opprimés, on va écouter leurs oppressions et travailler sur leurs oppressions. Essaye de ne pas les voir aujourd’hui comme des jeunes en CER. Je crains que tu amènes des choses qui ne font pas avancer la situation, arriver à se décaler. Pour moi, ce qui est important ce sont les jeunes. Je veux juste m’assurer que tu sois en capacité de rester dans le cadre, d’écouter et de ne pas intervenir.

Bastien : Est-ce que tu souhaites participer ou bien est-ce que tu souhaites juste regarder ? Tu peux ne pas participer, juste regarder et juste intervenir en cas de problème. Si tu participes, on est au service des jeunes, donc pas sur notre point de vue perso. Je te propose que d’abord, tu me laisses intervenir et si tu sens que c’est à la limite et un peu chaud, alors, tu interviens.

Christelle : Pendant la scène, reposer la situation. On s’intéresse là à la situation de cette jeune fille et on essaye de ne pas mettre ta propre vie au milieu. On essaye de comprendre et de jouer la situation de la jeune fille. Essayez de vous mettre dans les personnages. On essaye de jouer et ça va peut-être faire émerger quelque chose.

Babass : On travaille l’histoire de la jeune fille et pas la tienne. Et elle, ça lui pose un problème. Donc reste dans ton rôle, tu as tous les arguments qu’il faut…

Anne : Je rappelle 2 règles : Tout ce qui se dit ici, reste ici. Non Jugement. Et là, tu viens de juger, de parler de ta vie. C’est comme si tu disais, ton histoire elle ne vaut rien, c’est comme si tu remettais en question son histoire…

Jean-Pierre : lui, propose à tous les membres du groupe, éducateur comme jeunes d’expérimenter pour de vrai de se mettre à la place de l’autre pour interpréter son personnage . Il valorise les capacités d’empathie de chacun.e pour y arriver. Il donne envie de faire cela.

Noémie : En parler après l’intervention. Retour sur ses propos et nommer les positions de la compagnie.

Pause de 10 mn, puis Temps de 20 mn en trois groupes parallèles pour 3 partages d’expériences :

 

    • T0 de Jana -Sanskriti par Noémie, prise de note par Fabienne.

    • La rigolothérapie par Jean-Pierre et Aude. Christelle prend les notes sur papier.

    • Jeunes à Mayotte par Jérome

Groupe de TO Jana Sanskriti par Noémie

Le groupe Jana Sanskriti fait du TO et a une organisation qui va au-delà. Sanjoy et Shima sont venus en Bretagne 4 jours/ Puis Annabelle et moi sommes parties en Inde pendant leur festival international. Là il y a une semaine de création collective avec tous les groupes puis une tournée dans les villages dans lesquels ils ont l’habitude de travailler.
Sur les 4 jours en Bretagne, beaucoup d’utilisation de techniques introspectives et d’images pour créer les personnages. On commence par partir de 6 à 8 images pour créer le spectacle et ensuite Sanjoy propose à deux personnes du groupe de faire les dialogues en direct. Ensuite on arrête la scène et on fait l’image analytique sur le personnage opprimé et des images de quelle pourrait être sa réction. On met en corps les personnages, les images sont très visuelles, esthétiques d’autant plus qu’ils rajoutent danse et chants. C ‘est très beau.

Sur le festival : pas mal d’occidentaux qui paient tous-tes le même prix (500 €) donc il n’y a pratiquement que des blancs qui peuvent payer ce prix. La deuxième semaine on tourne dans les villages où il y a d’autres activités du fonctionnement collectif qui a été mis en place. Il y a des terres qui appartiennent à Jana Sanskriti sur lesquelles travaillent des paysans. Les gens des villages montent des théâtre forum toute l’année mais aussi des groupes de parole ou d’action.

Quand on arrive au village, c’est une fête, chacun va pouvoir montrer ce qu’il sait faire (par exemple jonglerie ou autres activités genre mime danse…. Très riche.

Pour Jana Sanskriti c’est aussi la semaine de présentation du spectacle de l’année en l’occurrence un spectacle créé avec un groupe de personnes en handicap qui jouent une légende. On y voit aussi d’autres spectacles de Jana Sanskriti.

Autre spécificité dans leur mise en scène en plus des chants danses, c’est qu’ils utilisent un travail de chœur (deux chœurs dont un pour l’opprimée et l’autre pour l’oppresseur) et les chœur socialisent, élargissent la question, interviennent… Sinon restent en image, donc très esthétique. Par ailleurs les gens qui montent sur scène y restent après leur intervention jusqu’à la fin du spectacle ! Parfois ils ré-interviennent pour aider la personne du public. Ca fait parfois un peu brouillon mais bon, c’est autre chose.

Ils jouent leur forum plusieurs fois dans le même village pour que les choses maturent et que le village arrive progressivement à des pistes politiques.

Rigolothérapie par Jean Pierre et Aude.

C’est une TCC (Thérapie Cognitivo-Comportementale inspirée de la R7N) créée avec 7 personnalités à repérer, pour se comprendre dans notre diversité. C’est un jeu de cartes.

Ils ont fait cela avec des enfants à partir d’une scène de th forum, utilisent les cartes le théâtre de l’opprimé et le clown (les personnages chapeautés sont en clown)

Voici les 7 personnages représentés par 7 chapeaux, on les offrira aux personnages opprimés comme des forces qu’il ou elle a en lui-elle et qu’on lui permet de renforcer en improvisant la situation avec la consigne du chapeau :

    • Volcano : impulsif, se met en colère

    • Diabolo l’ego : il a l’égo qui déborde, toujours fier de lui

    • Perfecto : il sait tout, fait tout bien

    • Action : toujours prêt à foncer

    • Amour : il a toujours de l’amour à donner

    • Carpeto : il ne sait pas choisir, ne sait pas dire non

    • Panico : il a toujours peur

On peut analyser les scènes de notre passé avec la grille des chapeaux pour revisiter l’histoire un peu comme on le fait avec l’image analytique. En forum le public aidait les enfants en leur mettant un chapeau et après l’enfant improvisait avec ce chapeau.

Jeunes à Mayotte par Jérome.

Expérience de 2022 avec la fondation « Les apprentis d’Auteuil ». deux semaines : une semaine en formation d’animateurs et une autre semaine pour suivre les animateurs dans leurs ateliers de TO avec jeunes. Echange multiculturel et échanges avec les jeunes. Le projet était animé par deux hommes blancs qui ont travaillé beaucoup sur leur posture.

Bilan de la journée
– Bon timing

– J’ai besoin d’être dehors, donc là enfermée… Mais des trucs se sont dégagés dans ma tête. Le côté boite noire sans lumière du jour me pèse.

– C’est bon de pouvoir se nourrir de comment chacun fait dans son asso

– Très bonne journée, découvrir des nouvelles personnes et revoir celles que je connais. Mais j’ai eu froid.

– Trop contente. Ca me fait du bien au moral et à la motivation. Il y a eu des solutions a des problèmes que j’ai pas encore eus.

– Petit débordement de tendresse. Ca me fait ça quand on se retrouve.

– Ce matin avec les jeux, je me suis dit qu’on est horrible comme groupe à parler tout le temps, à ne pas écouter les consignes. Peut-être faudrait un temps pour échanger comme ça avant de commencer, sans consignes.

– Manque aussi un porteur de temps, un ramasseur de brebis…

Le matin, vous pouvez venir une demi-heure avant le début soit à 9h car le démarrage du travail est à 9h30.

-le Réseau TO est un monde parallèle qui fait du bien et permet d’avoir des idées pour se sortir des ornières, de parler de son travail avec les collègues.

18h30 spectacle en cours de travail de Ficelle

Retours sur le vif

Repas pris en commun

Dimanche 2 avril 2023
9h30 : Fatima nous présente le programme de la journéeJeu animé par Noémie qui l’a appris en Inde.
Deux par deux. Chacun fait un chant d’oiseau, l’apprend à l’autre. Le duo se sépare et chacun marche en aveugle. Puis les duos doivent se reconstituer c’est à dire se retrouver.

Mini comptes-rendus en grand groupe des trois ateliers d’hier. (Voir plus haut)

Réflexions sur Le site du Réseau
On va sur le site du RTO, pour chercher un contact, une info, pour consulter les nouveaux jeux, ou pour donner un lien aux personnes qui demandent des (in) formations…
Les nouveaux groupes ici présents ne savaient pas que le site existait.
Ce site est un gros travail (surtout pour JF) Il s’agit de dire de quoi on a besoin :

Une vitrine ou un espace de ressources internes ?

En interne c’est utile d’avoir les infos et les documents. Pour les échanges entre nous, on a aussi la liste qui ne demande aucun travail et qui fonctionne bien selon ceux et celles qui l’ont utilisée pour poser des questions car iels ont eu des retours.

En externe, le site est peu visité, en partie parce que il est mal référencé. (Nos commanditaires, eux, connaissent déjà les compagnies locales et n’ont pas besoin du site du réseau). Les contenus éphémères comme les agendas des cies sont-ils si utiles, par rapport à l’énergie et au temps pour les tenir à jour ?
La carte interactive et les présentations des compagnies avec leurs liens peuvent suffire ?

Certains abordent la question des réseaux sociaux car « les gens ne suivent plus que cela ».

Nous retenons que nous avons toustes nos sites sur lesquels il y a les infos et que le site du réseau renvoie déjà à nos sites.

Décisions concernant le site :

-1) Pas de réseaux sociaux

-2) arrêter le calendrier des dates des cies, chronophage.

-3) garder l’espace privé entre nous : archives, jeux, CR des rencontres… Cela semble à toustes très important.

-4) garder la carte interactive, les contacts et présentations des groupes du réseau.

-5) Annoncer sur le site que pour avoir des dates des spectacles et stages des compagnies, il faut aller sur les sites de chaque groupe.

Pour augmenter la visibilité du site:  :

    • chacun.e d’entre nous met le site du réseau TO en page d’accueil (de son ordi perso) pour que ça fasse des visites, ça augmente beaucoup le nombre de visites donc la visibilité du site sur les moteurs de recherche.

-chacun.e d’entre nous met mention du réseau dans sa signature.

La newsletter ACTU du Réseau):

-Garder ce format avec le graphisme actuel qui est chouette. Contenus : le Compte rendu des rencontres soit deux newsletters par an plus les invitations aux prochaines rencontres.
-Cesser d’y donner les nouvelles des cies.
– A chacun d’utiliser la liste réseau pour faire passer de ses nouvelles.

Assemblée générale statutaire
Composition du bureau actuel (4 personnes de 3 groupes, conforme aux statuts) Delphine et Annabelle trésorières, JF secrétaire, Noémie présidente.

Bureau depuis l’AG de ce jour : Delphine et Annabelle en trésorières, JF et Cyprien comme secrétaires et Noémie présidente. 5 Personnes de 4 groupes).
Marline et Pierre les soutiendront.
La composition du bureau est votée à l’unanimité. 16 groupes adhérents et 10 groupes associés, 16 droits de vote, le quorum est à 9 ce qui est le cas.

Rapport moral

Les activités passées :

Deux rencontres par an. Dans les deux dernières rencontres on a demandé à des « experts » de venir ; cette fois Rojzman (Institut de Thérapie Sociale) devait intervenir. Continue t-on avec un intervenant.e chaque rencontre ? La réponse est plutôt « oui, sauf si »… C’est un plus, pas une obligation.
-Analyses de la pratique professionnelle en visio conf, tous les deux mois pendant deux ans puis cela s’est arrêté.
-Deux labos sur les techniques introspectives en spectacle et un stage avec Jana Sanskriti portés par les Sardines. Mariage de l’Envol et de la Troupuscule

Rapport financier :
Cotisation de 300 euros, plus ou moins selon les groupes. 100 % des recettes sont les cotisations d’adhésion (et quelques dons). La plus grande partie des dépenses sont les remboursements trajets pour venir aux rencontres, la locatiion des salles, 15% des frais pour le site. Un peu de frais bancaires…
On a eu plus de dépenses (2600€) que de recettes (2000€) cette année mais on avait de la trésorerie des années précédentes.

Discussion sur les cotisations pour l’année 2023 :
-Fabienne propose qu’on fixe un chiffre en % de notre chiffre d’affaires genre : 0,2%
-Les problèmes pour récupérer les cotisations : Delphine propose qu’on paie notre cotisation en début d’année, et là aujourd’hui ici même pour l’année 2023.
-Question : différence entre adhérent et membre associé. Nous renvoyons à la charte et aux statuts.

Cotisations : nous décidons que les associés feront des dons libres au réseau.

Nous décidons de ne pas passer plus de temps sur ces points là car c’est aride, et ça enlève l’enthousiasme. Nous votons à l’unanimité absolue : le bilan moral, le bilan financier ainsi que la reconduction du bureau avec rajout de Cyprien comme co-secretaire.

Reconduction des séances d’analyse de la pratique en visio-conférence : 6 personnes sont intéressées. Marline se charge de proposer une prochaine date. Prochaine rencontre : date ?  lieu ?  qui se charge du programme ?

14 15 oct : 6 pers peuvent. 21 22 oct : 6 pers peuvent. 28 29 oct : 10 peuvent. 4 et 5 nov : 8 pers peuvent. 11 12 nov : 13 pers peuvent.

Date retenue : 11 et 12 nov. A la Convergence des Loutres, Loguivy-Plougras. On reverra ensemble la question des paiements des repas.

Equipe organisatrice : Frédérique(L’attelage), Aude (Si les sardines) et Joelle (ancienne de Brest.

Quelques propositions pour la thématique de cette rencontre, sachant que nous laissons le choix aux trois organisatrices :

– Quand on est dominant quelle posture prendre pour aller travailler ?

– Quand il n’y a pas opprimé X oppresseur (par ex parents – ados ? ou santé mentale ?
– Le clown

– L’isolement

– Le pouvoir du peuple, ce qu’est la démocratie,
– le contrat républicain et la normalisation des associations,

– Les violences policières,

– La santé, l’accès aux soins 

– Le travail sur le consentement

– Ecologie et environnement où l’oppresseur est plutôt « le système capitaliste »

– Le travail en Education nationale

Pause déjeuner, puis jeu proposé par Bastien :
Au milieu du cercle, l’un.e mime une action. Un autre rentre et lui demande ce qu’iel fait. Iel répond tout à fait autre chose. Celui ou celle qui est entrée mime ce qui vient d’être dit et ainsi de suite. Bastien nous alerte sur le fait que c’est important de ne pas prévoir ce qu’on va dire.

Deux groupes de travail en parallèle :

– L’atelier de TF en une heure !

– Comment travailler en binôme quand on est en désaccord

Comment travailler en binôme quand on est en désaccord (notes de Marline)
Joelle : Nous avions un atelier avec des détenus pour violences faites aux femme. Atelier d’une semaine dans une maison d’arrêt de Brest. 4 animatrices féministes bénévoles de l’association. Le 1er jour tout va bien, le 2eme on se met au travail avec dynamisme, mais une des 4 animatrices est découragée par la pression carcérale. 3ème jours ambiance difficile, la découragée exprime son mal être (se met à part pendant l’atelier, dit en debrief « ça ne sert à rien », elle n’y croit plus) Les autres animatrices ne savent pas quoi faire… Elles lui parlent, mais celle-ci reste bloquée dans sa lassitude. Il n’est pas nécessaire qu’elle soit là, mais elle continue à venir, en se positionnant en neutre (ni animatrice ni participante).
La mission a pourtant été menée jusqu’au bout avec succès. Une analyse de pratique a été faite a posteriori, qui a révélé un écart de motivation par rapport au sujet. Notamment cette personne a trouvé que les autres sont (trop) en empathie avec les détenus…

Annie : Une collègue du Conseil Départementale perçoit le TO comme une obligation et n’est donc plus motivée, elle casse la dynamique du groupe en exprimant son ras de bol et pour autant elle ne veut pas lâcher, alors qu’il lui a clairement été dit qu’il n’y avait aucune obligation à ce qu’elle soit là.

Fatima : C’est OK pendant la préparation, mais lors de la mise en œuvre il y a des dissentions. Du coup le groupe de l’atelier devient moins motivé, ça devient difficile de raccrocher tout le monde. Quand on ne propose que des jeux, ça passe, mais quand on veut aller vers des récits, des témoignages, ça bloque.

Pierre évoque un atelier sur la peine de mort avec la LDH qui est contre, et vite des désaccords sur le fond émergent dans l’atelier.

Des pistes :
– Proposer de ne plus venir, de sortir.
– Echange (en équipe) sur les ressentis, les impacts sur les collègues
– Partager clairement les taches et s’assurer que tout le monde se sent bien dans sa mission
– Mettre en débat lors de l’atelier avec les participant.e.s : assumer le désaccord.
– Détecter le besoin d’être reconnu, le malaise, le faire s’exprimer
– Oser demander de sortir à la personne si elle ne propose aucune solution et n’accepte pas de changer : « tu n’es plus à ta place » et « on ne veut pas te mettre en souffrance ».
– Communication non violente : réfléchir sur ses propres besoins pendant un temps.
– Sécurité en prison : bip pour se faire aider si besoin, MAIS PAS de référent.e carcéral.e avec les intervenantes.

Conclusion :

Donner un message clair aux collègues

Définir clairement la facette de nous que l’on apporte dans les ateliers : militant ou animateur d’un atelier, ou membre participant avec son point de vue….

Atelier Théâtre forum en 1 heure (notes de Aude)

Jacqueline : avec un groupe de 12, je fais les connexions dans l’espace stop, puis par 6 (émergence d’une situation dans chaque demi-groupe, mise en scène et Forum. Le plus court que j’ai fait, c’est produire en une journée. Point de vigilance : si j’ai 2 groupes, que faire du deuxième groupe pendant la création.

Pauline : Idée du marathon, si 30 élèves, choix d’une scène sur les 5 ou 6 peoposées, pour en faire un forum.

Noémie : souvent, en 1h30, on essaie quand même de présenter toutes les scènes et de faire mini-forum + recherche de nouvelles propositions, stratégies pas vues encore.

Bastien : On fait les propositions à l’oral si on n’a plus le temps.

Fred : comment faire pour expliquer aux commanditaires que l’on ne veut pas faire du théâtre forum en 1h ? Nous, le seul truc que l’on a fait en 1h c’est du théâtre-image.

Jérôme : ça dépend ce que l’on a envie de faire. Si on a une thématique, on peut arriver avec une image ou un forum préconstruit.

Aude : en une heure, je fais un jeu, une image préconstruite pour les initier et ensuite image à 4 ou 5. Je leur dis qu’ils peuvent les joker entre eux.

Jean-François : C’est un problème si on n’a pas le temps de faire forum sur les situations amenées par les participantes.

Fabienne : chez nous quand c’est une heure, c’est un spectacle… Sinon c’est une séance de théâtre-images sans trop les impliquer perso.

Bastien : dans l’animation, se dire que l’on n’arrivera pas à l’objectif en 1h pour encourager les encadrants à trouver plus de temps pour aller plus loin.

Noémie : finalement, on n’a pas trop de demandes d’1h d’intervention. Une fois, on nous l’a demandé : on n’a pas fait payer, on a raconté l’histoire du TO et fait un petit forum.

Bastien : sur 1h, je le pratique cette année dans une maison d’enfant mais c’est une fois par mois. Pour le vivre, on se mobilise 1h à fond le mercredi qui est déjà bien surchargé. En 2h, est-ce que je ne les perds pas un peu.

Fabienne : 1h « one shot » est différent d’un atelier régulier.

Jean-François : le minimum à nous c’est 2h.

Aude : Comment on fait pour transmettre cela aux enseignants pour qu’il puissent le faire ?

Jérôme : je ne suis pas tranquille avec le fait de venir avec une scène déjà construite et faire forum.

Pauline : point de vigilance avec personnes pas formées sur la question.

Cyprien : on leur demande de faire des images par rapport à un sujet et ils improvisent dessus pour montrer le problème.

Darline : par rapport à la proposition de Jacqueline, je propose que les intervenants jouent la scène

Audrey : si on intervient dans un établissement scolaire, comment être garante de la confidentialité

Pauline : quels impacts réels cela va-t-il avoir ? Se questionner sur « pourquoi le faire.

Carine : cela me parait pas possible de le faire en 1 heure.

Synthèse : protection de la confidentialité et ne pas proposer en 1h d’aller vers une création perso. Essayer de négocier plus de temps avec les commanditaires.

Forum sur une scène du Potimarron

La scène a été montée avec une asso d’origine turque, qui a un poste de salarié qui aide les réfugiés ou les sans-papiers à trouver un emploi. La scène : des ouvriers Afghans demandent à la salariée de l’asso de pouvoir faire les vendanges, celle-ci appelle Pôle emploi. Pôle-emploi : « Je vous propose des viticulteurs proches de gares, appelez les ». La salariée appelle un viticulteur. Il dit qu’il a des postes, et du mal à trouver des vendangeurs, mais quand il comprend que ce sont des réfugiés, il ne veut plus en entendre parler, il veut des locaux.La salariée se demande ce qu’elle peut faire.

Forum :
Aude tente : elle dit que ces gens habitent Strasbourg (donc sont alsaciens). Mais le viticulteur se doute de quelque chose et demande s’ils parlent alsacien.

Christelle : elle se présente en disant qu’elle travaille pour une asso qui aide les réfugiés et lui propose de faire un partenariat avec son association. Puis elle coupe la communication. Elle explique aux Afghans qu’elle leur dira ensuite ce qu’il sortira des négociations.

Jean-Pierre : dit au viticulteur qu’il sait qu’il manque de personnel et qu’il est connu dans la région. Pôle-emploi les a appelés disant qu’ils ne trouvent personne pour ses vendanges. Il dit que lui a trouvé des gens, sont sérieux et qu’il a trois personnes super pour lui.

Darline : dit qu’elle a eu ses coordonnées par Pôle-emploi car elle est travailleuse sociale et que Pôle-emploi lui a dit qu’il a des postes vacants et qu’elle a trois personnes qui ont déjà travaillé dans des vignes. Le viticulteur dit qu’il va les rencontrer et voir. Du coup la rencontre se fait.

Christelle (depuis la salle) fait une remarque : moi comme travailleur social, je ne mets pas le haut parleur parce que je veux protéger les afghans. Je sais que je ne changerai pas l’oppresseur.

Annie : dit que ces personnes sont compétentes et que vous cherchez justement des personnes compétentes ! Elles ont fait des vendanges en Languedoc. Le viticulteur : « OK je les prends alors ».

Pauline : Vous n’avez pas à connaître leur nationalité car c’est illégal, c’est de la discrimination et je dois le signaler à Pôle emploi.

Retours sous la forme de «Je critique je propose »

– Le Modèle est très clair

– Proposition de faire une présentation des trois Afghans pour qu’ils aient une humanité et une personnalité chacun.e

– Proposition que les Afghans soient en devant de scène et pas derrière. L’A.S. et le patron parlent derrière, nous, spectateurs on reçoit ainsi directement l’émotion des Afghans.

Les annonces  publicitaires :

– Laboratoire : 8 au 11 juin techniques introspectives en Bretagne avec l’arc en ciel du désir. Il reste des places.
– Ficelle : avec Chamboule tout et Pas a passo d’Amiens on veut faire un stage de théâtre journal, date encore en suspens.

– Jean-François : Plusieurs Cies proposent des formations, aller se former ailleurs fait vraiment réseau.

Bilan du week-end:

Manon : Merci ça me fait beaucoup de bien. Ca me donne plein d’idées

Fabienne : je pars avec les ateliers de 1h.

Fabienne : je ne sais si le réseau est le lieu de s’auto former sur le travail de l’oppresseur

Jacqueline : je trouvais dur de loger chez l’habitant mais Thierry et Marie ont été super. Vraie rencontre.

Aude : On pourrait théâtraliser un peu notre AG pour qu’elle soit plus intéressante.

Jacqueline : mais j’ai jamais vu une AG aussi courte !

Audrey, ravie : j’espère pouvoir revenir. Frustration car trop court pour creuser davantage même si je suis fatiguée.

Carine : ravie de faire votre connaissance. 2 jours très intéressants. Bien aimé les forums sur nos difficultés d’animateurs ou jokers avec des interventions d’un haut niveau.

Fred : Adoré commencer le week-end par le spectacle de naje à Lyon. « Road trip » en auvergne.

Joelle : merci à toustes.

Pauline : super week-end. Je suis au début de mon chemin en TF. Les échanges étaient très constructifs. Mais, plonger dans une AG quand on arrive…

Marline : Vous vous posez vous aussi les questions que je me pose. Ca me fait peur et aussi me réconforte.

Jean-Francois : réjoui. Merci à l’équipe de préparation. Je fais de la pub au sein de mon groupe pour venir aux rencontres du réseau.

Jérome : je ne connaissais que Aude et Fabienne. Ca m’a donné l’envie d’en parler à mon collectif.

Delphine :N’oubliez pas : delphi.dupin@free.fr pour les cotisations. Et merci car je repars avec plus d’énergie.

Noémie : très bon week-end. Le faire à Clermont a permis que plus de personnes de Ficelle participent. Un peu frustrée qu’on n’ai pas pu plus creuser certains sujets.

Jean-Pierre : ça m’a posé des questions que je ne m’étais pas posées auparavant. Frustré qu’on ait peu parlé du web forum et du th. forum à l’école.

Bastien : chouette de rencontrer cette diversité. Il y en partout. Ca donne envie de gratter, de découvrir…

Cyprien : le réseau est vivant, on peut ainsi passer de bons moments. Merci aux organisatrices. Cool que des anciennes troupes soient toujours motivées à venir. C’est cool aussi quand on n’a pas d’intervenant extérieur. C’est pas forcément nécessaire.

Pauline : cool de vous rencontrer. Cool qu’on vienne aussi vous voir.

Cathy : Très contente de participer et de me dire que quelqu’un a organisé ça sur Clermont alors que je connaissais pas les troupes à côté de chez moi. Des groupes de Billom, Brioude sont venus qui ne seraient pas venus ailleurs peut-être. Et j’ai bien aimé les clowns.

Clôture de séance. Fatima pleure de joie, on se fait des bises, on se redit deux à deux comme on a été content.es de se voir… On se dit à bientôt…

Notes prises et rassemblées par Fabienne Brugel, d’abord envoyées à tous les présent·es puis mises en forme et relues par JF Martel. Les commentaires et les questions sont les bienvenues ! Les éventuelles corrections aussi. jf.martel@orange.fr

Une page commentaire est présente aprés chaque article du site. Voir ci-dessous les commentaires des deux co-secrétaires.

 

Rencontre N°16. Par Julian Boal: L’Ecole de Théâtre Populaire à Rio. « Les personnages scindés »

Rencontres N°16 du RTO: journée du samedi 12 novembre 2022

1) Julian Boal  nous présente l’Ecole du théâtre populaire (ETP) de Rio de Janeiro
Histoire de l’l’Escola de Teatro Popular (ETP).

Le mouvement des “travailleurs sans terre” avait organisé un festival d’art de gauche, et avait demandé à Julian d’être le curateur pour l’aile Théâtre de l’Opprimé. Julian a fait venir différents groupes, qu’il connaissait et qu’il ne connaissait pas, notamment l’école de théâtre politique de Buenos Aires, qui les a beaucoup inspirés. C’est un mouvement qui promeut l’autogestion des populations, et amène un écosystème d’espaces pré-figuratifs qui montre une sociabilité autre. Par exemple une école où les parents participent complètement à l’organisation mais aussi à la gestion des locaux, la propreté etc.

Cette école de théâtre politique a été une inspiration pour l’ETP, mais iels ont fait le choix de s’adresser à des militant·es et pas à la classe moyenne : les mouvements de jeunesse anticapitalistes et mouvements d’occupation rurale ou urbaine (type ZAD). Iels donnent des cours de TO et des cours de théâtre épique.

La question de l’esthétique s’est posée dans ces mouvements sociaux : l’ esthétique était très positive, très héroïcisante… Une rencontre avec une autre compagnie qui montrait la réalité des choses plutôt que montrer des symboles positifs inspirants, a donné envie d’une esthétique “plus négative”.
En mars 2018 : assassinat de Marielle Franco, conseillère municipale à Rio. Cet événement a été le signe que tout le monde pouvait mourir. Suite te à ça, l’ETP a voulu devenir une école militante : manifestations à la suite de l’assassinat de Marielle Franco, et scènes jouées autour de ces manifestations pour parler avec les gens qui n’étaient pas dans les manifs, essayer de vaincre la peur et reprendre la rue, convaincre les gens qu’une bonne rage c’est une rage organisée.
Malgré tout ça, Bolsonaro a gagné la même année. Nous avions besoin d’être plus fort·es et plus organisé·es : envie d’être une école-réseau d’ateliers de théâtre, tous faits en collaboration avec des mouvements sociaux.
Certains mouvements sociaux organisent des écoles « pré -bac”. Mais la durée, le programme de ces écoles restent déterminés par le calendrier et les sujets imposés par l’État. Pour notre théâtre, iels pouvaient choisir des sujets différents, pas de critère de matière scolaire. De plus, le théâtre organise les gens dans leur quartier directement.
A ce moment, l’école commence à être beaucoup plus grande (plus de 60 personnes), et propose des formations anti-capitalistes, féministes, etc. Elle commence à être financée par deux député.es. Et là, la crise sanitaire arrive : l’ETP est obligée de s’organiser autrement, c’est difficile pour des questions financières, d’espaces disponibles, ,etc. L’ETP devient plus académique (beaucoup d’étudiant·es) et se “blanchit” un peu. Au bout d’un certain temps, il y a eu une fatigue d’internet et du fonctionnement covid. Enfin, les vaccins arrivent : petit espoir.
Pendant la pandémie nous avons fait des distributions de carnets de poésies avec les paniers alimentaires.
Mais l’ETP n’avait pas vu la transformation de Rio post-pandémie : d’un côté l’ETP arrive à grandir (8 groupes au lieu de 4) mais des groupes très faibles (3 à 5 personnes par groupe, au lieu de 10 ou 12).
De plus, il y a des gens pro Bolsonaro dans les groupes ! Certes, un objectif était de sortir de l’entre soi de gauche ! Mais là, c’est devenu difficile de se parler. La vie des gens est aussi complètement différente d’avant la pandémie : par exemple des lycéen·es cherchent beaucoup moins à rentrer en fac… parce qu’il n’y a plus d’argent. Il y a maintenant beaucoup de décrochage scolaire pour raisons financières.
La question qui se pose alors : comment parler aux gens qui ne vont plus dans les structures où iels se rencontraient avant ?
Remarque sur les fake news. Les personnes y croient parce que :
1) leur vie est déjà absurde donc les fake news sont moins choquantes pour elles
2) c’est confortable, et plus facile de suivre une structure qui répond à tes besoins, et prônent solidarité et sociabilité : et là, les églises évangéliques sont très fortes.

Il nous faut donc nous aussi créer des mouvements de solidarité : la sociabilisation via les représentations de théâtre.

2) LES PERSONNAGES SCINDES : Julian nous propose d’explorer ce concept. Pour cela, voici des exercices 2 par 2, en mode foire. (c’est-à-dire que tout le grand groupe travaille simultanément).

Le Samouraï.
Duel (sans parole) de deux samouraïs : chacun est terrifié par l’autre et pense que l’autre est plus fort, mais chacun veut combattre.

Attirance et peur.
Un couple d’adolescent·es du même genre s’aime mais aucun·e ne s’est révélé·e à l’autre. Iels ont peur de se montrer et en même temps sont très attiré·es par l’autre.

Avec quelqu’un qu’on déteste, convaincre un auditoire.
Peu importe le thème, on doit convaincre un public (fictif) aux côtés de quelqu’un qu’on ne supporte pas. Les deux personnes se coupent la parole, essaient de reprendre le focus, mais en tentant de ne pas montrer leur antagonisme au public.

Garder bonne figure.
Couple séparé depuis 3 semaines, resté en couple pendant 4 ans. Une personne n’en pouvait plus, elle est partie. L’autre personne est extrêmement malheureuse, ne dort plus etc. C’est la première fois que le couple se revoit. La personne malheureuse ne veut rien montrer de sa souffrance. L’autre personne n’a ni angoisse, ni volonté de contredire, elle est juste tranquille, « gentille ».
Dans cette improvisation, on utilise un objet important (ou qui le fut) : des clés, une lettre, un bibelot, peu importe. A un moment donné, par hasard, ils entendent… “leur” musique ! Celle qu’ils ont tant écoutée ensemble ! La personne malheureuse s’en rend compte, l’autre pas du tout.

L’employé des pompes funèbres.
Il est en totale empathie avec une personne qui pleure son grand-père devant le cercueil, et qui réagit de manière très extravertie, avec cris et pleurs. Mais par sa fonction, il doit le faire « dégager » sans tarder car un autre corps arrive !

Un·e ado annonce son homosexualité à un de ses parents.
L
e parent lui répond en apparence en acceptant, mais au fond de sa pensée et de ses convictions (et donc dans son discours) il est totalement homophobe.

COMMENTAIRES : Les contradictions ont toujours été utilisées pour construire des histoires. Pour Brecht : l’acteur qui incarne un personnage ivre ne joue pas l’ivresse mais la tentative de cacher l’ivresse. On peut voir dans “Ventres glacés” de Brecht une séquence (du film) qui montre bien la contradiction du personnage.

Un exemple clair de personnage scindé.
Dans“mère courage” de Brecht, cette mère de trois enfants, pour survivre et leur donner à manger, profite du marché désorganisé en temps de guerre, en vendant diverses marchandises avec une charrette à bras, que ses fils l’aident à tirer. Ils rencontrent des soldats qui s’intéressent au plus âgé et prêchent pour l’enrôler. Elle veut éloiger son fils, pour le sauver, mais un des soldats la retient longuement en lui achetant quelque chose (vendre est indispensable pour elle). Pendat ce temps, l »autre soldat parvient à emmener le jeune…
Comme mère elle doit nourrir ses enfants (donc rester et vendre)
Comme mère elle doit les protéger de l’enrôlement (donc partir, éviter ces soldats)

Ce type de scène permet de sortir du strict « inter-individuel » (la relation mère – le soldat) sans pour autant rentrer dans une scène didactique avec des statistiques.
Notre exercice de base à l’ETP : créer des images contradictoires. On essaie ?

Trois groupes préparent une scène amenée par le vécu d’un·e participant·e.
1) A l’hôpital:
Vouloir faire bien son métier en tant que soignant·e (accompagnement et soin) et en être empêché·e par le temps et les moyens humains qui manquent. Une infirmière accueille et accompagne une personne hospitalisée très angoissée, qui se sent au bord de la mort. Elle reste au bord de son lit, mais pendant ce temps là, la sonnette du voisin retentit, puis on entend celui-ci appeler et répéter « vite, vite, ma poche de transfusion est vide » Un « cadre de santé » surgit et dit au soignant “Enfin ! Faites votre boulot”. « Je peux pas être à deux endroits en même temps, aidez moi ! »
« Ce n’est pas mon travaii, et du travail, je n’en manque pas, moi non plus !”
COMMENTAIRE : la contradiction est liée à l’organisation du travail : ce n’est pas un manque de volonté, c’est l’organisation concrète de ma profession qui se contredit : Je dois réconforter ET soigner. On peut ainsi considrer que le cadre de santé est lui aussi scindé.

2) A l’école :

  • Un enfant « en situation de handicap » aujourd’hui son AESH est absente. L’institutrice se retrouve devant la crise d’angoisse de l’enfant, tout en ayant le groupe classe à gérer, la continuité des programmes, du cours à assurer…
  • COMMENTAIRES :
    -Quelle est la réalité et comment s’exerce-t-elle, à propos de la contrainte à continuer le programme à l’école ?
  • -L’ensemble des besoins des enfants ne peut pas être couvert. Comme dans la première scène.
  • -Quelques idées pour enrichir la scène :
    Le système et les programmes peuvent être représentés par les inspecteurs. Ou par la directrice, qui reprocherait à l’enseignante soit le choix de faire des jeux avec les enfants (l’enfant angoissé à bras) soit de laisser la classe étudier en « autonomie » pendant qu’elle tente de rassurer celui-ci.

3) La subvention pour les ateliers théâtre :

  • Réunion. La Directrice du Centre Social dit à l’intervenante théâtre : “C’est super votre travail, on veut continuer à bosser avec vous. Mais je n’ai plus de budget”. Le fonctionnaire territorial dont dépend la subvention arrive et annonce : cette année, “lutte contre la radicalisation ET prévention des addictions”. Le projet est à déposer sous 3 jours, en co-création avec les parents.
    Combien d’heures en tout ? (très peu). A réaliser dans les 5 mois à venir, avec un spectacle à la fin, pour que « les parents prennent conscience des problèmes de leurs enfants ».
    L’intervenante : “ok pour des ateliers avec les jeunes, mais pour un spectacle, il faudra voir avec eux ».
    Scène suivante : une ado annonce “Je veux pas faire de spectacle.”
    La directrice demande à l’intervenante de défendre le projet devant la jeune, « vous pourriez faire des ateliers intéressants avec les jeunes et puis, hop, une présentation drôle avec les parents, allez ! Vous savez si bien faire !… » Comprenez qu’il le faut, sinon je n’aurai pas le budget ». COMMENTAIRES :

– Une injonction paradoxale : faites ça, mais on ne vous donne pas les moyens.
– Le pire, c’est que si on accepte et on arrive quand même à le faire, alors on justifie qu’on peut faire mieux avec moins.

  •  

De l’mportance de construire des images
D’abord parce que cela permet de montrer comment on est soumis à des processus dont on est conscient ou pas. L’image montrée peut créer la distance et aider à la prise de conscience.
Exemple : Comment montrer le problème de l’esclavage sans le réduire aux actions des maîtres face aux esclaves ?
Dans les scènes de tout à l’heure, il y a une condition sociale qui ne permet pas de sortir de la contradiction. L’oppression fait que le personnage est scindé. .

Quelques exemples et réflexions :
Au Brésil, dans une scène, la poiice arrête un Indigène en amazonie. Spontanément, on se dit qu’il s’agit d’un banal abus de pouvoir raciste. Mais cette homme vit de la destruction de la forêt, et donc contrevient à la loi !
La situation est telle qu’on vit aussi de ce qui nous détruit. Ce qui engendre la folie.
-Les vignerons mettent des pesticides et leurs enfants naissent avec une maladie.
-En France, le travail social construit lui-même des catégories. Jusqu’à parfois étiquetter des enfants « neuro-atypiques » pour gagner des droits liés à ces pathologies et continuer à survivre. Ainsi il faut parfois trouver des raisons médicales pour pouvoir être demandeurs d’asile et rester en France. Pour cela il faut donc se montrer « malade ».

L’opprimé est-il conscient de ce qui lui arrive ?
Dans les théâtre forums, c’est souvent le cas. Là, la proposition n’est pas forcément le cas. Ainsi dans Brecht la “mère courage” veut vivre de la guerre sans payer son dû à la guerre. Elle cherche aussi son enfant que l’on sait mort. Le personnage ne comprend pas ce qui se passe, mais le public, lui, comprend.
On n’a pas forcément besoin de modèles sur scène qui donnent de l’espoir, et qui ainsi proposent au public des modèles à suivre.
On peut aussi monter des spectacles de forum où il n’y a pas que des scènes d’interventions. Ces scènes d’interventions ne sont pas des face à face entre l’opprimé et le grand oppresseur.
A l’ETP, nous proposons en atelier des scènes modèles, et demandons aux participants de construire leurs propres scènes à partir de ces modèles.

A propos des « subversifs soumis ».

Penser les possibles alliés comme des subversifs/soumis nous permet de faire des forums sur la construction d’alliances et ses difficultés. Ceci, plutôt que sur la confrontation directe entre un opprimé et les grands oppresseurs.

Exemple : Je ne fais rien contre la gentrification des favellas parce que ça me rapporte quelque chose : des norvégiens y achètent des maisons, une boîte de nuit s’y installe, jamais il n’a été dépensé autant d’argent dans la favella… Le conducteur de moto-taxi gagne pas mal d’argent avec ce type de clients, mais il participe ainsi à la destruction du milieu de vie de sa propre famille.
But du théâtre forum :
Pour l’ETP, le but n’est pas que ça se résolve sur scène, mais que ça crée de la mobilisation. Pour nous, le TO cherche à rassembler les classes populaires pour lutter contre les oppressions. Augusto Boal : “C’est plus important une bonne discussion qu’une bonne solution”
Les oppressions dont souffrent les gens ne peuvent pas se résoudre à l’échelle individuelle. Le problème n’a pas commencé dans la salle de l’atelier, comment pourrait-il se terminer dans cette salle ? Augusto Boal : “C’est plus important une bonne discussion qu’une bonne solution.”
Attention : on peut faire des TF qui « tournent bien », qu’on joue souvent, mais qui n’ont pas de liens avec les conjonctures sociales et politiques, donc peu d’impact… On ne joue pas de spectacle simplement pour jouer, mais pour contribuer à l’alliance entre mouvements sociaux.

Un théâtre de guérilla se pose la question :
Quelle est la conjoncture sensible ? Comment se positionner ?

Notes mises en forme par JF Martel, relues et complétées par Julian Boal, à partir des notes de Carole de la Cie les incarnées (Lyon) et pas de Béatrice Charreton, comme annoncé ! (désolé de cette erreur d’attribution !) Merci à elle.