Archives de catégorie : Voyages dans le Réseau TO

Voyage dans le réseau : un cas de VSS devient public grâce à un Théâtre Forum

VOYAGE DANS LE RESEAU :

UNE AFFAIRE INTERNE de VSS ECLATE AU GRAND JOUR, SUITE A UN TF

Nous sommes dans une école de travailleurs sociaux. Elèves, profs, tout le monde se connaît. Forcément, en arrivant dans le hall, j’intrigue ! On me regarde, je rends les regards, m’approche, et finalement j’entends une conversation :

-Si, si je t’assure, c’est dans ma promo !
-Wahou ! Ils ont vraiment fait ça  ?

– Oui, La séance de théâtre de ce soir tombe à point !

Je tends l’oreille et j’apprends que les garçons d’une des promos ont diffusé sur what’s app une appli qui permet de mesurer…
« l’attractivité des filles de la promo » !!
Les étudiant·es sont externes, la plupart sont donc partis avant le théâtre forum à 18h30.
Un étudiant me dit : « Pourquoi ne pas avoir placé cette séance en journée plutôt qu’en début de soirée, « surtout après ce qui vient de se passer » ?

Après les interventions, la jokère récapitule toutes les solutions proposées, pour se défendre en cas de VSS. C’est alors qu’une étudiante réagit (on est à la toute fin de la séance) :

– « OK, en milieu pro on peut alerter l’inspection du travail, les prudhommes, OK. Mais dans une école, il n’y a pas d’inspection du travail, alors, que peut-on faire » ? (murmures dans la salle)

Un homme qui s’avère être le directeur, prend alors la parole et dit qu’il existe des instances à saisir dans l’école, et que celles-ci peuvent intervenir.

Alors qu’on va clore, j’interviens : « Justement, monsieur, il semble qu’un algorythme jaugeant l’attractivité des filles circule, y-a-t-il une réaction des instances dont vous parlez ? Et… » (nouveaux murmures dans la salle) Le directeur me coupe vivement la parole : « la procédure est en cours, je ne peux en dire plus ».

La jokère clôt la séance. La salle se vide. Le directeur me fonce dessus et m’interpelle avec véhémence « votre intervention était parfaitement déplacée, vous n’êtes pas chez vous ici, il ne fallait pas parler de ça, certains étudiants n’étaient pas au courant  » Ce à quoi je réponds : « Les gens en parlent dans les couloirs, et le fait qu’après mon intervention vous ayez précisé qu’une procédure est en cours, cela peut rassurer les gens »… Il part, fort mécontent.

J’apprends alors, et j’en suis très étonné, que les correspondantes du groupe TO dans l’établissement n’avaient pas averti la jokère de ce problème ! Impressionnant aussi que cela ne sorte qu’en toute fin de séance. Ouf, c’est sorti quand même, en public, une conséquence bénéfique de cette séance de TF.

Quelques jours plus tard, avec l’accord du groupe TO, j’écris au directeur, lui redisant combien j’avais trouvé son intervention utile. Il me répondra quelques jours plus tard, apaisé, que cela suit son cours et qu’à la rentrée des entretiens seront convoqués. « cordialement vôtre » !

Il est notable que ce n’est qu’après le TF, après un large moment consacré à des discussions en petits groupes, et à la toute fin de séance qu’une étudiante a finalement mis les pieds dans le plat (prudemment) en demandant ce qu’on pouvait faire en cas de VSS, dans un établissement scolaire ? La rentrée des vacances de printemps est maintenant largement passée… Un bilan est prévu entre les jokers et les correspondantes. Où en est-on des entretiens et des procédure ? J’ai su que la jokère et l’équipe avaient accompagné cette étudiante auprès d’une personne référente, elle-même présente lors de la séance de TF.

Texte de JF Martel. Commentaires et réactions bienvenues. jf.martel@orange.fr

Voyage dans le réseau: injustices à l’école

THEATRE FORUM « INJUSTICES A L’ECOLE » par un groupe d’enfants de 9 à 12 ans.

Le 27 février 2025, au théâtre CONCORDE, place de la CONCORDE  à Paris, à deux pas du fastueux Hôtel CRILLON, jouaient des enfants venus du 11ème arrondissement !

Joker : Jules (Cie Naje). Notes de JF et en italique les commentaires et réponses de Jules. J’ai moi-même longtemps travaillé avec des enfants en TO, et je ne regrette pas d’avoir fait un AR de TGV depuis Lille !
Une douzaine d’enfants avec leur éducatrice Léa, venus d’un centre social du 11ème arrondissement.
Le joker semblait tendu au début, pourtant l’ambiance était tranquille ?
Jules « Oui un peu tendu, fatigué, on avait eu non pas 10 séances de 2h, mais seulement 7 séances !Et puis l’accueil du théâtre n’a pas été très humain… »
J’ai noté environ 14 remplacements. J’ai trouvé les enfants concentrés, calmes, souriants, et en gros, ne parlant pas en même temps sur scène. J’ai pris des notes sur un petit carnet, puis, mes stylos disparus, sur mon tél (mais moins bien !)
Ce soir, veille du Ramadan, ils sont présents sur place depuis 15h, avec une courte pause pour le casse-croûte, mangé tranquillement sur les fauteuils du théâtre. Léa, très présente retire une boite de « red bull » de la main d’une petite: « hors de question, tu ne bois pas ça à ton âge ». La jeune accepte. Puis « allez aux toilettes, ensuite assis sur la moquette dans les coulisses, en silence, jusqu’au spectacle ».
Jules « Léa a été parfaite pour moi dans la gestion du groupe, elle a cadré tout ce qui se passait en coulisses pendant la séance, ce qui a fluidifié complètement le spectacle,merci Léa ! »

19h. Le joker arrive, avec les enfants. Grand silence dans la salle ! Il explique les choses  à la quarantaine de spectateurs venus du 11ème : des mamans, quatre hommes, des enfants et trois ami·es de Naje. « Il s’agit d’histoires vraies, de scènes avec lesquelles on n’est pas d’accord, scènes qui finissent mal. Vous allez pouvoir remplacer un personnage avec qui vous vous sentez en solidarité, et improviser avec les autres acteurs, (qui vont peut-être vous mettre des bâtons dans les roues!) C’est important de venir sur scène, plutôt que de dire depuis sa place -y’a qu’à, faut que- Il n’y pas d’obligation à réussir, bien sûr ! On est là pour s’entraîner.
Il souligne: « Venez jouer un personnage proche de ce que vous êtes réellement : enfant, parent, animateur ».
7 brèves histoires sont présentées ! 

HISTOIRE N°1 en récréation: 
p
ropos et comportement racistes d’un élève.
Il termine par: « les noirs, retournez en Afrique, cueillir mon coton, vous êtes mes esclaves! »
R1 « je veux aller en parler à maman, après l’école ». Comme il n’y a pas de maman dans l’histoire, le joker demande qui peut venir jouer la maman.
…..
R3« Madame, vous surveillez la cour, alors pourquoi vous dîtes rien en entendant ça ? Le racisme c’est pas bien » !
La (très) jeune actrice qui joue la prof ne sait pas trop quoi répondre.
R4: une toute petite qui a du mal à s’exprimer, mais son visage montre bien sa réprobation.
Remarque perso : l’élève qui tient des propos racistes est joué par un enfant racisé, pourquoi ?
Jules : cet enfant jouait son oppresseur, j’ai appliqué cette règle au maximum. Mais j’ai oublié de préciser qu’il n’était pas noir [en réalité il était arabe !]

HISTOIRE N°2. En récré une fille exclue du groupe d’enfants.
Elle revient des toilettes, le groupe qui bavardait se tait et lui dit « Bon, tu peux  partir ? Pars ! Nous,on parle » Elle part.
Remarque : la scène de l’exclusion est très courte, la petite n’a pas le temps de  nous montrer ce qu’elle ressent. Pourtant la salle réagit à partir des paroles, même si l’image n’est pas là !
R1: c’est une mamie qui vient et qui dit « disons que j’ai 10 ans » Elle va chercher la prof, qui demande ce qui se passe.
Je remarque que cette fois, les élèves répondent.
Jules : C’était Irène de la LDH, partenaire de l’atelier avec Françoise (elles ont participé à tout l’atelier) elles étaient en soutien pour le forum si le public était timide. Les enfants ont donc été à l’aise sur scène avec elle. J’ai juste dit au public qu’elle devait jouer « comme une enfant ».
R2: un grand ado vient remplacer la petite exclue.
Je remarque que les acteurs commencent à mettre leur main en visière, ils sont éblouis par les projos et ne voient pas la salle. Jules : « En fait on ne voyait rien ! J’avais demandé au technicien de nous allumer la salle, mais… il n’est pas venu le faire ».

HISTOIRE N°3. CM2 distribution de bonbons.
M (un maghrébin) n’en a pas : car la prof l’envoie se servir… dans un sac vide !
Remarque: là aussi, ça va très vite, et on ne voit pas trop ce que ça lui fait, il manque la « somatisation ». Pourtant, les spectateurs ont bien compris le texte.
Jules «plus de travail théâtral aurait été utile, mais j’ai dû faire avec l’urgence ».

 R1: une  grande fille à la peau blanche : «J’ai pas eu de bonbon parce que je suis noire » !
Remarque : c’est très sympa, cette solidarité, mais elle aurait pu s’ajouter, et donc rester « blanche » et dire « il a pas de bonbon parce qu’il est noir» Jules : « elle a fait ce qu’elle voulait, selon sa propre compréhension de la règle ».
R2: une petite de 9 ans parle au prof « c ‘est pas juste, d’autres ont un bonbon avec la même note » !
R3 : de nouveau Irène remplace une élève et s’adresse à toute la classe. « Il a pas eu de bonbon, c’est pas juste » ! Elle est soutenue par le reste de la classe, qui parle, cette fois encore, chacun son tour. 
Remarque: le prof raciste est joué par un enfant racisé. ça me questionne, mais il est clair que la salle a bien compris la transposition. Jules  «J’ai dû composer avec la répartition des rôles, les envies de chacun, et leurs capacités à faire forum avec peu de préparation, de plus, ils jouaient en général leur oppresseur. ».  

Histoire 4.  Une déléguée, au collège. La prof punit une élève qui a toussé.
Scène devant le principal, avec la déléguée, l’élève, face au prof qui prétend qu’elle a toussé volontairement pour gêner.
Je note que le principal n’intervient pas, mais sa présence est utile, pour ritualiser la situation. 
R1: remplace la déléguée, argumente, parle au principal, (mais la prof essaie de parler à sa place)
La déléguée accuse aussi la prof de n’avoir pas donné la parole à un élève qui levait la main pour poser une  question. Elle propose à l’élève d’en parler aux parents. 
Jules « On souhaitait que le spectateur doive déclencher lui-même le rapport à l’autorité. On voulait montrer que la prof avait court-circuité la fonction de la déléguée et la menaçait.
Les adultes joués sur scène ne facilitaient pas la tâche des enfants en effet ! Car il revenait souvent dans l’atelier que les adultes parlaient beaucoup des « droits des enfants de démocratie » mais qu’en réalité ne les écoutaient que très rarement».

HISTOIRE N°5 : au CM1, « le trafic d’argent » 
Enrentrant de récré, une petite apporte à la prof une pièce de 10 centimes trouvée dans la cour.
Prof :« tu fais du trafic d’argent ! c’est interdit »
Remarque : ça vaudrait le coup de jouer ce que ça fait à cette enfant d’être accusée de trafic ! Jules : « d’accord ! Mais vu le manque de temps j’ai mis la priorité sur la préparation de l’oppresseure de 9 ans plutôt que sur l’opprimée ».
R1: Ok, on n’a pas le droit d’avoir de l’argent en classe, mais si ma mère me donne de l’argent pour des courses après l’école ? Prof : « Non, et non, interdit, interdit ! »
R2:Je (JF) demande à jouer un collègue de la prof, (jouée par une enfant de 9 ans me rappelle le joker). «j’ai entendu parler de cette affaire de pièce, c’est déjà arrivé dans ma classe, on avait pris la décision collective de garder la pièce pour la coopérative scolaire ».
La prof reste inflexible : « pas de trafic, elle n’avait qu’à se taire et garder la pièce » !

HISTOIRE 6. En classe de mer: le colis pas hallal.
Le joker précise que l’actrice, à la peau noire, joue un personnage… blanc ! Un colis d’un parent arrive : des bonbons pour tous !  Mais… pas hallal. Le débat entre enfants et la prof est intéressant : 
-ici c’est laïc
-avec la religion on peut pas manger ça
-tu critiques ma religion ? c’est interdit par la loi !
-ma mère dit que les musulmans sont (ceci cela… et pire). 
R1:Un ado à la peau noire vient réclamer du respect envers sa religion. « On a le droit de pratiquer celle qu’on veut dans un pays laïc » ».
Jules : »ça avait donné lieu à la question d’une des petites de la scène «c’est quoi la laïcité ?» question à laquelle nous avons répondu collectivement.
R2: une petite de 8 ans dit juste «c’est un péché». 
la prof raciste ironise :
-les chrétiens c’est les plus forts, les juifs sont moches, comme vous, les musulmans.
-quoi ? Toi, t’es pure ? 
-si t’es pure, comme les autres musulmans, pourquoi vous vous lavez ? 

HISTOIRE7 au collège. La prof s’en prend à deux élèves racisées qui dorment.
«Si vous êtes pas contentes, allez faire des brick (briques ?) en Afrique (Ambigu: est-ce une référence au plat ou au matériau de construction? Jules : « on avait eu un débat de compréhension autour des deux clichés fantasmés possibles, racistes de toute façon ».
R1: Si je m’endors c’est que je suis malade, madame.
prof: moi aussi je suis malade, je suis malade de vous ! 
-qui vous dit que je fais le ramadan (et donc que je mange des bricks le soir) ?
-ça vous plairait, Mme, que je dise ça sur vous? Je vais en parler à ma mère
prof:
-moi je vais le dire à ma grand mère ! (rires dans la salle) 
– vous savez pas comment je vis, Mmz, mais vous êtes raciste ! 
R2: je m’excuse de m’être endormie, mais vous, madame, excusez-vous de me parler comme ça.
(le ton est très calme). J’ai jamais mangé de brick (les autres élèves soutiennent) 
Jules « là j’ai bien observé que nos acteur.ice.s , malgré le manque de préparation, s’étaient révélé·es très actifs pour demander à la prof d’exprimer sa vraie pensée, ce qui semblait leur paraître impossible dans la réalité sans risquer de subir plus de conséquences négatives que de justice » .
Une élève ajoute :
-Madame, oui il y a des immigrés en France, mais n’oubliez pas que des Français sont venus chez nous, et bien bien avant !
R3: au moment où la prof ramasse les devoirs, une des filles racisées ne le trouve pas, ne l’a pas, et finalement avoue :« je l’ai pas fait. »
Prof : « pas fait ? tu te moques de moi ? Tu te prends pour qui ?  Après ça ta maman va venir, et elle va me dire que j’ai des chouchous. Sors, sors de la classe » !
R4 :Une fille vient jouer le rôle de la mère de l’élève virée. 
-Non, elle est pas feignante, elle a pas eu le temps de faire le devoir, mais elle veut apprendre.

FIN et applaudissements nourris.

J’ai globalement noté que tous les enfants étaient calmes, souriants, et ne bougeaient pas inutilement sur scène. Amicalement et bravo ! JF

questions et remarques bienvenues:
JF 06 85 54 99 68 jf.martel@orange.fr
Jules jules_choisnel@hotmail.fr

Voyage dans le réseau: spectacle de rue contre les violences sexistes

LE DESOPPRESSOR 3000, forum de rue, par la Cie Arlette Moreau, de POITIERS. compagniearlettemoreau@gmail.com

Le 25 novembre 2023, la bande jouait deux fois en région parisienne. J’ai eu le plaisir de les voir, avec Nicole, à Cachan.
4 comédiens : Benjamin est le bonimenteur parfois le joker, Célestin, elle, est souvent la jokère, mais elle joue parfois un troisième personnage dans la scène.
La plupart du temps : deux personnages sur scène, toujours incarnés par les mêmes acteurs : « H » Hector qui est l’oppresseur  joué par Yoann. Ce personnage est masqué genre super héros négatif, Et « D » Daphnée, jouée par Marie, l’opprimée.
D’une grand roue multicolore à faire tourner par quelqu’un du public sort une des 12 situations de sexisme ordinaire, de violence «légère » faite aux femmes, qu’ils ont préparées.
Les 2 acteurs -parfois rejoints par Célestin pour un troisième personnage- la jouent aussitôt.
C’est rapide, très rapide : une image animée, quelques répliques, quelques secondes ! Ensuite le ou la tourneuse de roue est invitée à dire ce qu’elle a vu comme injustice, puis à venir sur scène AJOUTER un personnage de son choix : souvent un ou une amie, ou un témoin inconnue…
Les titres présents sur la roue, sont intrigants, exemples :
LA BLAGUE DE L’ABÎME : dans le couple, H fait une blague sexiste ; elle ne sourit pas, il conclut par « on peut plus rire de rien avec vous »!
LA MAIN DE L’ENFER (dans le bus, la main de H suit,cherche et met une « main au cul » à D)
LE PROTECTEUR DESTRUCTEUR le père qui surveille la tenue de son adolescente
LE BISOU DES TENEBRES du tonton un peu trop pressant
etc…
Parfois c’est au sein d’un couple, parfois entre un homme et une femme qui ne se connaissent pas (dans un bar, un parc, un bus), parfois entre amis, parfois père-fille…

Les interventions s’enchainent dans la vivacité, ponctuées par un jingle « Le Désoppressor 3000, mais tu es CA-PA-BLE ! (de lui résister) » et une « cérémonie » de quelques secondes où l’intervenant reçoit sous les applaudissements le BADGE D’OR sur lequel est écrit « ch’suis capab » Couleurs, chaleur humaine, côté camelot, tout se passe dans la bonne humeur et le sourire, on applaudit souvent, on compte en choeur « 3 , 2, 1… en jeu ! » avant chaque scène ou impro. Comment faire venir sur scène : ça commence par un simple « qui veut bien tourner la roue ? » (ça semble pas trop exigeant, puis… c’est parti ! La synthèse finale : la jokère donne souvent la parole à l’opprimée, plutôt que de parler elle-même. Puis la « cérémonie » joue le rôle d’accompagnement-remerciement de la spectatrice.

Nicole et moi sommes chacun venus tourner la roue et jouer sur scène, bien entendu ! Pour ce 25 novembre, ils jouaient à côté de stands féministes avec livres, brochure et adresses, qui distribuaient notamment le fameux « violentomètre » et affichaient les définitions de « la violence » proposées par les passant·es. A côté, les jeunes des centres sociaux proposaient des boissons chaudes et des crèpes ! Il faisait froid à Cachan, mais du soleil et un temps sec. A 17h et quelques, quand même, il était temps d’arrêter.

On a échangé ensuite un petit moment avec l’équipe, au chaud.
Certains se sont formés au CTO Paris, puis ont formé les autres. La Cie compte pas mal de monde (une douzaine ?) qui créent des TF « pro » et les vendent. Mais une trentaine de personnes (comédiens ou pas) peuvent aussi participer à la création d’un « théâtre invisible ». « Une idée, hop, on la travaille une journée en grand groupe, tout le monde est bénévole, et on la joue… parfois dans la journée. Ensuite, grandes discussions sur l’intervention ! ».
Rappelons que nous avions entendu parler d’eux par Bastien (pas a passo) qui avait envoyé un article paru dans Médiapart : Ils avaient vécu une suppression de subvention, après un théâtre invisible qui n’avait pas plu à la préfecture. La situation : chez eux, de nombreuses méga-bassines sont en projet (comme celle de sainte Soline); Ils avaient monté et joué la scène suivante : un stand supposé être « de la préfecture » annonçait que l’eau étant maintenant réservée aux méga-bassines il fallait donc s’habituer à boire… de l’urine ! Ils proposaient donc aux passants des bouteilles « d’urine de Préfet » en disant que celui-ci « avait décidé de payer de sa personne »… Hm… ça n’a pas plu en haut lieu !

La question qui nous brûlait les lèvres :
«pourquoi proposer d’AJOUTER un personnage, plutôt que de REMPLACER l’opprimée » ?

Pour eux, dans les spectacles de rue, c’est d’abord une question de rapidité, les gens passent, tout va très vite, et il serait difficile de remplacer l’opprimée, alors qu’on en a juste vu une image animée, sans en connaître davantage. Le risque serait aussi de culpabiliser la « victime ». Du coup, notre échange se poursuit sur la différence entre VICTIME et OPPRIMEE.

Pour JF, Quand on met en scène une VICTIME, donc quelqu’un qui ne peut rien faire à la situation, on préfère en effet ne pas proposer de la remplacer, mais on met en scène un personnage ALLIE qui tente ce qu’il peut, sans y parvenir. Celui-ci on peut le remplacer.Explications : La victime d’un viol ne peut réagir que selon ce que son « amygdale » (une zone très ancienne du cerveau) a prévu : la Fuite, le Combat, ou la Sidération (être sidéré, comme mort). Ce n’est pas un choix, pas un raisonnement, c’est un réflexe auquel la victime ne peut rien. Il est donc inutile de la remplacer pour lui dire, par exemple « bats toi » si son amygdale est programmée pour « faire la morte ». Par contre, l’opprimé·e a une marge de manœuvre. L’opprimé·e a une volonté et se demande comment la mettre en oeuvre. Dans un théâtre forum il ou elle demande des idées au public, du moins à celles et ceux qui subissent la même oppression, et on en débat tous, à égalité.

Pour Nicole : on revient toujours à la question de « QUI raconte l’histoire », et quand on crée des modèles d’après enquête et non pas à partir du récit de quelqu’un qui est là, on se retrouve toujours dans un certain flou concernant ce qu’on va oser demander au spectateur.Si on revient à la question initiale : « QUI ICI veut changer quelque chose et n’y arrive pas », pour moi c’est plus simple, ça peut être même la victime, ça peut être un allié.Par ailleurs se poser cette question peut faire qu’on va décider de montrer plutôt telle ou telle sorte de personnage victime/opprimé (personnage complètement paralysé et impuissant (cela existe dans la vie), auquel cas il faut un allié possible (un témoin), ou personnage qui tente kekchose même maladroitement.Je comprends très bien la position prise, concernant un spectacle de rue.

On se quitte alors qu’ils vont repartir dans la soirée à Poitiers, en camionnette. Ils sont intéressés par le réseau, par ses formations. On espère les voir les 6 et 7 avril 24 pour la rencontre N°19, et peut-être avant, à Poitiers.

Texte de JF jf.martel@orange.fr complété par Nicole missgriffassociation@hotmail.com
relu et corrigé par Benjamin des « Arlette Moreau ». 27/11/23

Voyage dans le réseau : le privilège blanc.

le privilège blanc (JF martel)

Réflexions personnelles sur le privilège blanc (JF Martel, 7mai 2022) A partir du forum de Naje et d’une intervention de Saïd Bouamama.

J’ai beaucoup apprécié le théâtre forum de Naje sur « le racisme structurel et le privilège blanc » fin avril 22, ces scènes que Naje a construites avec un groupe de militant·es de la LDH et des ami·es de naje racisé·es. Bravo !
J’ai noté quelques idées nouvelles de mise en scène:
Tout d’abord, deux jokères, l’une racisée, l’autre blanche. J’ai noté le bref récit, avant le spectacle, qui expliquait que pendant l’année qu’ont duré les ateliers de créations, certaines personnes avaient décidé… de finalement se considérer comme relevant de l’autre statut ! « blanc » X « racisé ».
J’ai aussi noté la trouvaille à propos de ce fait : pendant la partie forum, les acteurs-oppresseurs restent en scène, et les opprimé·es sont remplacées par le public.
Or, cela a une conséquence non désirée :
Les personnages oppresseurs dans ce type de situation sont, bien entendu, des hommes blancs, joués par des acteurs blancs ! Si bien que les acteurs blancs restent beaucoup sur scène pendant le forum. Frustrant pour les actrices racisées, non ?
Que faire ? La trouvaille a été de proposer un masque blanc, en fait gros un panneau blanc -genre raquette de tennis opaque – que l’actrice racisée tient devant elle pour intervenir en jouant un oppresseur !

Mais si j’ai aussitôt vu le racisme à l’oeuvre, les discriminations, l’oppression, je cherchais à voir… le « privilège blanc » ! Où se cachait-il donc ?

Quand les femmes racisées se taisent et que le délégué syndical, homme blanc, parle… Je vois d’abord (moi) une oppression vécue par les femmes racisées, d’autant plus que l’homme parle à leur place, de leurs propres situations ! Je voyais une domination d’un « blanc » sur des « racisées ». Donc une oppression que je connaissais déjà…
Mais Fabienne, en relisant ce texte, me rappelle (entre autres) la scène du magasin qui montrait directement un privilège blanc : le vigile dit à deux femmes blanches que « si elles ont quelque chose dans leur sac » ?… Mais n’ose pas les fouiller !
J’avoue que sur le coup, depuis la salle, le tableau ne m’avait pas frappé…
Un peu comme me promener dans la rue et « ne pas être contrôlé » je ne le vis pas immédiatement comme un privilège… s’il n’y pas un contrôle au faciès à côté !

Au cours de la rencontre du réseau TO, avril 2022, l’intervention de Saïd Bouamama sur cette question du privilège blanc, m’a, semble-t-il, éclairé. Dîtes moi si ça vous parle !
(vous pouvez mettre librement des commentaires sur le site, voir en fin d’article) .
D’abord la question de Saïd : « quand on dit « privilège » tu penses à quoi » ? Je réponds aussitôt : « nuit du 4 août 1789, abolition des privilèges ! » Mais Saïd continue :- disons par exemple que toi et moi, on sort d’une manif, à Lille. Tu rentres tranquillement, et moi, algérien, je crains d’être contrôlé « au faciès ». Disons aussi que si toi, tu veux aller faire du TO dans un pays étranger, tu obtiens ton visa rapidement, ou même tu n’en as pas besoin ! Alors que moi, il me faut parfois 6 mois pour avoir le visa avant d’aller faire une conférence.. ». etc…
Alors, abolition ? Non ! Nous ne demandons pas que tout le monde doive espérer 6 mois ou plus pour un visa ! Nous ne voulons pas que tout le monde s’attende à être contrôlé dans la rue !…

Nous ne cherchons l’abolition du privilège blanc !!!!
Nous voulons l’extension des privilèges blancs… A toutes et tous !

Ainsi, dans un forum, montrer le privilège blanc, ce pourrait être montrer le racisme et les discriminations subies, (ce que nous faisons bien entendu) mais aussi tenter de montrer que les « blancs », eux, ne vivent pas ces discriminations ? (le TO pour « rendre visibles les oppressions »). Qu’en dîtes-vous ? En tout cas, la formule m’a frappé.

Relu par Saïd et complété par Fabienne. Merci à elle et lui.
JF Martel 7 mai 2022 jf.martel@orange.fr 06 85 54 99 68

Voyage: Une technique introspective chez les « Ficelle et Cie »

Un atelier « forum et paroles » CHEZ LES « FICELLE »
Samedi : c’est le dernier jour de ma semaine dans le groupe, début décembre 2019
Une journée de techniques introspectives, animée par Bruno et Noémie.
Bruno, qui a suivi un de mes stages de formation à Lille à ces techniques, voilà quelques années, me reçoit chaleureusement, et me présente comme un « historique » du TO en France ! C’est très sympa de sa part d’accepter son ancien formateur parmi les participants, j’apprécie ces relations, où on peut être tour à tour formateur et participant.

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Voyage dans le réseau TO: forum avec des « designers »

Un voyage dans le réseau TO : Un atelier de « DESIGN FORUM »

Vendredi 18 septembre 2020, le voyage fut assez bref pour moi, car il s’agissait du théâtre forum créé par naje pour la MEL (Métropole Européenne de Lille) donc… dans ma ville ! Fabienne m’avait bien sûr fait inviter à ce qui était lié à l’évènement de l’automne : « Lille, capitale mondiale du design » Rien que ça ! Son commanditaire: SDS, un cabinet de designers bruxellois. www.strategicdesignscenarios.net J’étais intrigué ! Récit :

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voyage dans le réseau: un forum design !

Un voyage dans le réseau TO : Un atelier de « DESIGN FORUM »

Vendredi 18 septembre 2020, le voyage fut assez bref pour moi, car il s’agissait du théâtre forum créé par naje pour la MEL (Métropole Européenne de Lille) donc… dans ma ville ! Fabienne m’avait bien sûr fait inviter à ce qui était lié à l’évènement de l’automne : « Lille, capitale mondiale du design » Rien que ça ! Son commanditaire: SDS, un cabinet de designers bruxellois. www.strategicdesignscenarios.net J’étais intrigué ! Récit :

Deux jours de travail de Fabienne et Farida, avec un groupe de 10 personnes pour préparer ce spectacle. 5 « designers » et 5 « porteurs de projet » sur le thème « ville nourricière, alimentation durable ». Comme d’habitude : ils ont raconté, et elles ont mis en scène plusieurs petites pièces, sur lesquelles on a fait forum. Bien entendu, tout le monde est masqué (j’ai des photos de Fabienne en jokère masquée, super!).

Fabienne présente, puis fait venir tout le monde (tous masqués) sur le plateau, et dans une ambiance bon enfant, propose des jeux : guider son aveugle par le prénom, avec réciproque puis partage des ressentis. Très sympa.

Ensuite, elle nous propose de nous présenter. Quand une des actrices annonce : « chargée alimentation durable pour la métropole lilloise », je glisse « tu vas pouvoir nous parler de la ferme urbaine de St Sauveur ?? »  « euh…, non… »  Petit froid chez les organisateurs, je n’insiste pas.

La friche St Sauveur, en effet, immense, est une ancienne emprise SNCF-FRET en plein centre ville, qui fait l’objet de conflits depuis des années entre : d’une part les associations d’habitants, les environnementalistes, les mouvements de gauche et écolos, des groupes qui en occupent déjà une (petite) partie, et d’autre part la Ville de Lille, qui veut y créer un lieu prestigieux (notamment des immeubles de bureaux, une piscine olympique etc…)
Ambiance lors des dernières municipales !

LES 4 SCENES ET LE FORUM :

Très fluide. Une dizaine d’interventions, dont plusieurs d’un paysan venu du Pas-de-Calais, département voisin.

D’abord « pour se mettre en train » une série de scènes très brèves qui présentent des désaccords dans un couple : du genre aller aider ou pas la paysan de l’AMAP à récolter les carottes ce dimanche matin. Le public choisit d’intervenir sur celle-ci. « qui est d’accord avec lui » ? « qui est d’accord avec elle » ? Fabienne choisit de remplacer les deux acteurs simultanément, par deux personnes du public. J’interviens ensuite, à la place de la femme qui propose d’y aller dimanche. Face à moi, l’acteur est un des designer… un peu cabotin. Je monte sur scène, (les cheveux au vent comme d’habitude). Lui : « rappelle moi le nom de ton coiffeur » Fabienne se prépare à lui taper sur l’épaule pour le faire revenir dans le jeu et dans son personnage, mais je parviens plus ou moins à rattraper sa « sortie de jeu » en intégrant sa remarque dans notre couple : « change pas de sujet, mon chéri, il est pas question de mes cheveux, mais d’aller à la ferme » etc… Rires dans le public.
Une remarque sur les enjeux de la scène : les échanges d’opinion (dans ces couples ou dans la scène 4 autour des jardins partagés) ne semblaient pas avoir de conséquences concrètes qui opprimeraient quelqu’un, et contre lesquelles on pourrait lutter.

Ensuite une scène où un collectif aux multiples projets veut occuper un bâtiment déserté, bien dégradé déjà. Il est estimé à 2,8 millions d’euros. Evidemment, de rencontre en rencontres, ça traîne, et quelques années plus tard, encore bien plus abîmé, il va être acheté pour… 0,3 millions seulement, MAIS par une société d’HLM ! Forum.
Le collectif est reçu par l’administration qui répond systématiquement « montez donc un projet détaillé par écrit, on l’étudiera » (puis demande un autre projet, etc… ) Une intervention originale : le spectateur sur scène rétorque au directeur administratif : « vous voulez acheter ce bâtiment, OK, montez un contre projet détaillé, par écrit, sans tarder, et nous, on le lira avec intérêt » ! Rires et applaudissements !

Une remarque sur les personnages : les collectifs joués dans cette scène (et dans la scène suivante) comportaient 3 ou 4 personnes à peu prés identiques. Une seule personne parlait dans les modèles. Avec plus de temps de travail, on pourrait évidemment préciser des lignes et des compétences différentes pour chacun.

Autre scène : un paysan va perdre son fermage, les terres seraient reprises par le propriétaire (une grosse chaîne d’hypermarchés) pour y produire directement…. du « bio local à grande échelle ! Face à cela un collectif veut maintenir le paysan, l’aider à la conversion bio, et ajouter d’autres projets. Une intervention du paysan du Pas-de-Calais met l’accent sur les accords existants entre ce géant de la grande distribution et la « profession agricole»,  accords qui risquent de souffrir, vu que la « profession » s’oppose à l’expulsion de ce fermier… Une autre intervention veut interpeller les élus de la commune. Synthèse de Fabienne qui souligne le conflit de valeurs : défendre le paysan « conventionnel » mais qui fait partie du pays, et de l’autre côté promouvoir du « bio » adossé à une multinationale !

Une remarque sur l’oppression principale : Parfois elle était peu mise en évidence. J’ai regretté par exemple que le paysan expulsé disparaisse du modèle dès le début de l’histoire. Quels étaient ses rapports avec ce « collectif » ? L’acteur a eu, je pense, une bonne réaction spontanée, quand à la fin il a fait resurgir son personnage depuis les coulisses en criant « et moi ? Je deviens quoi » ? mais ça n’a pas eu de suite.

La dernière scène porte sur les jardins urbains partagés. Les jardiniers sont aux prises avec le scepticisme des passants, voire leur mépris. Dans une des interventions, uen spectatrice rétorque : « vous dîtes que c’est idiot de planter des poireaux sur les trottoirs, et vous ajoutez « pourquoi pas sur les rues pendant que vous y êtes ? » Moi je vous réponds : « Vous, vous le savez que les bagnoles c’est bientôt fini ? Alors on va en effet pouvoir récupérer une grande partie de la surface des rues pour les transformer en jardins » ! rires.

Fabienne clôt et organise un retour (chacun un mot) sur ce qu’on vient de vivre. Moi, Je pense qu’elles s’en sont bien sorti, et je leur dis mon bravo.

Mes remarques sur le projet lui -même

L’invitation reçue des organisateurs (à la demande de Fabienne) était alléchante : Atelier de Design Forum 

Le design dans la ville collaborative, mis en scène par des récits, des témoignages, des histoires (…) emprunte les formes (…) du théâtre forum (…) pour mieux raconter la valeur de ce design qui écoute les gens, collecte des témoignages, requestionne la demande, met les idées en récits, communique les solutions à travers des histoires (…) spectacle expérimental de Design Forum : plusieurs acteurs de la transition alimentaire partageront leurs récits sur l’agriculture urbaine et l’alimentation durable, exploreront les enjeux, les synergies mais aussi les divergences entre leurs projets et inviteront les spectateurs à « faire forum »(…) Votre présence en tant qu’acteur.trice partie prenante des questions d’agriculture urbaine et d’alimentation durable sur le territoire est très importante.

Pourtant, dès mon arrivée, une surprise… de taille :

dans la salle de 24 spectateurs, (covid oblige), je ne reconnais AUCUNE personne ! Je suis lillois depuis 20 ans, administrateur pendant plus de 10 ans de la MRES (Maison Régionale de l’Environnement et des Solidarités, qui est forte de 117 assos (dont TOP-Théâtre de l’Opprimé) et surtout de nombreuses assos environnementalistes… et je ne vois aucune personne des mouvements locaux ! Sur scène, outre les designers, sur les 5 « porteurs de projet » seul UN gars d’une asso para-municipale de jardins d’insertion, aucune autre personne du mouvement associatif local (aucune non plus dans la salle) les 4 autres sont des institutionnels de la Métropole.

Je tombe le lendemain sur 2 pages dans Télérama, sur Lille, les designers, le design, (qui en anglais semble être entendu au sens de « dessein » « projet » et pas d’objet dessiné ou de tableau)… Ces designers seraient là pour aider à ce que les élus et l’administration écoutent les « gens » et que ceux-ci développent des « projets » puis pour vérifier que ce qui est mis en place ensuite correspond aux projets énoncés !!! (à lire, ça semble très louable ! Mais ils ont pas inventé l’idée non plus…)

Je comprends les doutes de Fabienne, mais bravo quand même ! Je sais que vous avez travaillé bien tard la veille, au lieu de venir manger et dormir chez moi comme c’était prévu, et passé le reste de la nuit sur place dans des canapés… Quelle énergie ! Résultat :la séance se tenait tout à fait bien, (j’ai trouvé), malgré la commande et son contexte discutable. Bien sûr, vu le public et les participants, on peut avoir des doutes sur l’impact du TO sur l’agriculture urbaine et durable à Lille.

Quelques autres remarques sur le déroulement de la séance et les scènes.

En précisant que je n’aurais pas aimé être à la place de Fabienne ou de Farida dans ces conditions, entre ami.es du TO, je vous partage quelques remarques «techniques TO ».

En deux jours, il faut d’abord recueillir les récits ! Ensuite, c’est difficile de trouver le temps de faire émerger les enjeux, les volontés, se mettre d’accord sur l’oppression réellement vécue, sur nos buts, et s’entrainer à jouer les conséquences des propositions, et aussi approfondir les personnages ! (voir mes remarques amicales dans le corps du récit, ci-dessus).

Le jokage : Fabienne me semblait tranquille, son explication du forum était on ne peut plus brève (je crois qu’elle a battu des records de durée, là ! ) : « vous êtes plutôt d’accord avec qui ? Elle ? Lui ? Alors, venez le ou la remplacer, pour que ça se passe mieux ».

Sur le premier remplacement, où deux spectateurs sont venus remplacer simultanément : celui qui ne voulait pas aider à la récolte de carottes, et celle qui voulait y aller, il me semble (ce n’est que mon avis) que les faire venir l’un aprés l’autre aurait mieux permis de « monter une gamme » d’arguments ?

Jouer les conséquences des propositions : il est évident qu’en deux jours, les participants n’y étaient pas prés. Parfois je m’attendais à ce que ça « clashe » ou que le ton monte. Comment faire ? La jokère ne peut évidemment pas jouer à la place des acteurs oppresseurs. Je me dis aprés coup, que la présence sur scène de l’autre animatrice (ici Farida) pourrait parfois soutenir l’acteur oppresseur et l’aider à « monter » un peu ?

Amicalement, JF Martel le 12 octobre 2020. Ce texte a été soumis à Fabienne et Farida le 4 oct, pour échanges et accord de publication, comme le prévoit la charte de notre liste de discussion qui précise notamment « ne pas parler du travail d’une personne avant d’avoir, au minimum, échangé avec elle » Vos remarques et questions sont les bienvenues. Nous joindre : jf.martel@orange.fr, farida.aouissi@gmail.com, fabienne.brugel@orange.fr