S. Bouamama : Le privilège blanc

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Intervention de Saïd Bouamama sur le privilège blanc
notes prises au cours de l’AG du Réseau TO, le 23 avril 2022. 6 pages.



I) prologue : les 3 déterminations : classe, sexe, race (page 1 et+)
II) inégalité, idéologie, capitalisme, (page 2 et +)
III) quelques banalités (page 3 et +)
IV) notion de privilège (page 4 et +)
V) conséquences de tout cela, questions / réponses, commentaires (pages 5 et 6)

Références : Magali Bessone et Matthieu Renault, WEB Du Bois : double conscience et condition raciale, Editions Amsterdam, 2021.

I) Prologue :

On naît tous de manière déterminée. Si je suis homme, i@l va me falloir un effort intellectuel pour comprendre ce que c’est que le fait d’être une femme.
C’est pareil pour l’expérience d’être une personne racisée, quand on est blanc !

D’autre part, il y a des choses dont j’hérite et que je ne vois pas.

 

Il existe trois grandes formes de détermination :

 

A) La classe sociale.

1. Mon origine sociale. (par exemple, fi je suis fille d’un PDG, on me demande de faire une intervention de TO auprès d’enfants de mineurs dans le Pas de Calais… Ce n’est pas facile pour moi… Chacun d’entre nous a hérité de son origine sociale des représentations, des manières de réagir, des visions du monde, etc. qui déterminent sa manière d’appréhender le présent et les évènements quotidiens.

2. Ma Situation sociale : ce que je fais maintenant. La place sociale occupée détermine également mon regard sur une situation ou un évènement. Un directeur ne voit pas les mêmes choses qu’une femme de ménage du fait qu’ils ne sont pas soumis aux mêmes contraintes et au mêmes attentes.

3. Ma position sociale : Ce que je décide, ce que je veux être : mes choix politiques. A la différence des représentations héritées de mon origine sociale ou accompagnant ma place sociale, ces représentations sociales sont le résultat de la conscientisation.

 

Mes réactions concrètes sont une position intermédiaire entre ces trois sources. Il ne suffit donc pas d’avoir conscientisé une oppression pour que cela se traduise dans la pratique. Entre le « vouloir être » lié à ma position sociale (mes choix politiques) et le « pouvoir être » (et aussi le « savoir être ») il y a un long chemin, un processus permanent de mise en cohérence.

 

B) Le sexe : la société patriarcale nous habitue à hiérarchiser la classe Hommes / la classe Femmes

 

Un des premières divisions du travail sous-tendue par l’exploitation et la domination, est celle à base de sexe. Pour qu’elle se reproduise sur de nombreux siècles, elle a été adossée à des théorisations, des représentations, des habitudes, etc. De cette façon une production sociale (l’inégalité homme/femme) a été transmutée en « nature ». Ici aussi il ne suffit pas de conscientiser cette réalité, pour avoir une pratique égalitaire. Il faut encore dépatriarcaliser notre pensée et notre pratique.

 

C) La « race » : La race n’existe pas biologiquement mais existe socialement. Autrement dit c’est le racisme qui crée la race et non la race qui crée le racisme. Le racisme crée la race et structure notre société. Notre société pense le monde en « races ». En fonction du fait que l’on soit né dans un groupe racisé ou dans un groupe dominant notre regard sur cette réalité varie. Les racisés savent généralement spontanément l’effet de l’assignation raciale du fait de leur expérience concrète. Les non-racisés tendent à sous-estimer cette réalité car elle ne fait pas partie de leurs contraintes quotidiennes. Ici aussi prendre en compte cette réalité non subie est à la fois un travail de conscientisation politique et de mise en cohérence pratique.

 

C’est un bon exercice de s’appliquer ce petit questionnaire à soi-même ; pour comprendre pourquoi telle chose est facile dans ma vie, telle chose est complexe ou difficile. L’exercice consiste à s’interroger sur ce que j’hérite comme comportements (gouts, colères, intérêts, etc.) de mon origine sociale (en remontant aux grands parents paternels et maternels), de ma place sociale (mon boulot, mon niveau de vie, mon niveau de diplôme), de mon appartenance de sexe et de ma couleur.

 

  1. remarques sur ce qui vent d’être dit, exemples, etc…

 

La subjectivité :
des gens qui ont lu les mêmes choses ne comprennent pas forcément les mêmes choses. C’est ça qui a motivé mon travail (dit Saïd). Différents regards existent :

Saïd, en tant que personne née en Algérie, ne lira pas la même chose que Jacqueline ou Jean-Pierre… nés en France. Tous les facteurs cités ci-dessus contribuent à forger la subjectivité individuelle (lieu de naissance, origine, situation, etc.). Ce sont donc toujours des histoires qui se rencontrent quand deux personnes font connaissances ou sont mises en interaction. Pour un dominant par exemple son histoire le pousse spontanément à se situer en dominant sans conscientiser ce qu’il est en train de faire.

 

Le covid révèle les hiérarchies de couleur.
A l’échelle internationale, les pays du sud meurent plus. En France les noirs et les arabes meurent plus que les autres. Tout cela est invisibilisé dans les médias.

La présentation de Saïd  sera « en entonnoir ». Du personnel, vers les situations collectives, des situations collectives vers les rapports sociaux, de ceux-ci vers l’Etat du monde et ses hiérarchies entre « pays riches » et « pays pauvres ». L’humanité est confrontée depuis l’hominisation à une lutte entre une logique égalitaire et une logique de domination et cette lutte se joue à tous les échelons (des relations interindividuelles quotidiennes aux rapports de forces internationaux).

 

  1. inégalité, idéologie, capitalisme

Depuis 2 ans, Saïd est sollicité de plus en plus par des théâtres « de conscientisation ».

Origine de mes réflexions : les marxistes noirs américains, il y a un siècle.
Notamment les écrits de
William Edward Burghardt Du Bois ( 1868-1963) et le concept de « salaire psychologique » de l’ouvrier blanc l’amenant à se sentir supérieur à ses collègues noirs. Le système de domination réussit par ce mécanisme à unir ceux qui devraient être divisés (ouvriers et patrons blancs) et à diviser ceux qui devraient être unis (ouvriers blancs et noirs).

 

A. débat sur l’inégalité

Dubois est le 1er sociologue qui pense cette dimension. La théorie du privilège. Ce n’est pas compréhensible sans faire le lien avec les mouvements pour l’égalité. Qu’est-ce que l’égalité ?
Deux définitions s’opposent :
-L’universalisme : on traite tout le monde de la même façon. Or si on fait ça, les femmes sont mal barrées, car elles pâtissent de processus d’oppressions liés au patriarcat…

Alors ?

– Prendre en compte les inégalités de départ.
Cf Marx : « pour être égal le droit doit être inégal ». L’Etat doit donner plus à ceux qui ont moins. Bourdieu : « Traiter des inégaux en égaux
est la pire des inégalités ».

 

Il s’agit de distinguer : L’égalité ET l’identité. La différence ET la hiérarchie.

L’inégalité c’est quand la différence se transforme en hiérarchie. Une société d’oppression fonctionne en transformant en permanence des différences en hiérarchies.

 

B. Débat sur l’idéologie

Gramsci : aucune domination ne tient uniquement par la violence. Si la domination se reproduit pendant plusieurs siècles, c’est à cause de l’idéologie : des grilles de lecture qui favorisent les dominants et empêchent les dominés de pouvoir vivre. Le but de l’idéologie ; c’est de faire penser les dominés contre leurs intérêts. Ainsi les dominés agissent contre leurs propres intérêts.

Nos scènes (de TF) sont là pour montrer ces idéologies à l’oeuvre…

 

Remarque : le vote récent pour la présidentielle : les jeunes racisés ont voté Mélenchon, et les jeunes blancs ont voté Marine le Pen. Il y a eu une racialisation du vote. Pour accepter de voir ça, il faut lever le tabou, le non dit de la racialisation en France

 

C. Capitalisme

Pour Dubois, c’est mettre en concurrence toutes les forces de travail pour faire baisser le coût du travail. Ça se traduit par la transformation de toutes les différences en hiérarchisation : Hommes / Femmes, Noirs / Blancs

 

Cette fonction de hiérarchisation est au cœur du capitalisme, elle masque le rapport de hiérarchisation dominant / dominé.

Faire croire à des dominés qu’ils ne sont pas dans le même bateau que les autres. Il s’agit de diviser pour mieux régner. Donc : distribution de privilèges pour certains. (Privilège blanc)


d) quelques remarques sur tout ceci :
Tokenisme :
Maintenir le système de marginalisation en faisant croire que c’est en train de changer…

par exemple, on maintient la marginalisation tout en mettant en avant certaines figures venues des classes dominées. Par ex : l’enfant d’ouvrier qui est devenu contre-maître / une femme nommée première ministre…. Le tokénisme (du mot « token » c’est-à-dire « jeton) est l’ouverture à la marge d’un système de domination pour mieux le reproduire. Les exceptions de réussite (des jetons) masquent la reproduction massive des inégalités.

Un blanc ne peut pas saisir ce que c’est d’être racisé sans d’abord écouter le vécu des personnes racisées.

 

Epoque de l’hominisation :
pour survivre les êtres humains étaient en coopération. A partir du moment où on a commencé à
produire plus que nos besoins, ça a crée des désirs de s’accaparer le surplus. Pendant longtemps, c’est la domination de sexe qui a été prépondérante.

Le capitalisme, lui, favorise simplement toutes les dominations antérieures. Il récupérer la domination patriarcale pour la mettre à son service, il fait pareil pour le racisme…

 

III) des « banalités »

Exploitation = Accaparement d’une partie de l’existence humaine de certains par d’autres. (temps, environnement, corps).

Domination = Rapports de pouvoir qui permettent l’exploitation. Essayer de remettre en cause l’exploitation, sans s’attaquer aux structures de pouvoir qui les accompagnent, c’est voué à l’échec !

Oppression = Effet matériel et subjectif des deux processus précédents.

 

Ainsi : au théâtre de l’opprimé, si dans une scène je ne m’attaque qu’aux systèmes de domination sans questionner aussi la question matérielle, je ne vais pas au bout de l’interrogation sur « pour qui et comment » cette oppression existe.

 

Le racisme ? Il n’a pas toujours existé !… On le confond avec l’éthnocentrisme : quand les groupes humains se fréquentaient peu, il pouvait y avoir une peur de l’autre. (ça existe toujours).

Le racisme, c’est une théorie de la hiérarchisation des personnes en fonction de leur couleur de peau. Ça date de quand ? Pour Saïd, c’est arrivé avec le capitalisme.

 

1492 est une date importante. (rappel : Christophe Colomb « découvre » l’Amérique).

A partir de cette date, l fallait justifier aux yeux des européens, les massacres, les pillages etc… Il y eut donc l’élaboration d’une théorie qui justifie ça.

Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, ce pillage a généré un tel flux de capitaux, que cela a généré l’industrialisation. Capitalisme / Colonialisme / Racisme = le même processus.

 

IV) La notion de privilège :

Pour aborder la question du « privilège blanc », Saïd a l’habitude d’amener une conscientisation en partant de la distinction de sexe, en s’appuyant sur la conscientisation du patriarcat par les femmes. Le regard des femmes en tant que personnes opprimées conscientes, ce regard leur permet d’accéder plus facilement (que les hommes) à la conscientisation du privilège blanc… Pourquoi ?

Parce que certaines d’entre elles, du fait d’être assignées femmes, ont fait un travail de conscientisation d’une oppression systémique.

 

Le privilège masculin : Engels en parle dans son livre « les origines de la famille, de la propriété privée et de l’Etat », et propose une analyse en termes de système.

« Dans la famille, la femme c’est le prolétariat et l’homme c’est la bourgeoisie »

 

A propos des années 90 en France, lire : « Comment les Irlandais sont devenus blancs ? ».

La couleur, ce n’est pas forcément la couleur la peau mais la place sociale. D’après Du Bois : n’oublions pas la notion de « salaire psychologique ». Dire à un dominé·e : quand même, tu es blanche, tu es supérieure, cela l’empêche de créer de la solidarité avec les dominés noirs.

De nombreux discours et pratiques publiques t’amènent à te faire croire que tu n’es pas dominé·e, et que tu es différent·e d’autres dominé·es. (Diviser ceux qui devraient être unis).

Je suis blanc, je peux aller dans un magasin, sans avoir peur que le vigile me regarde de travers : cela me soulage d’une charge mentale énorme, que je dois supporter si je n’ai pas ce privilège.

Pour en sortir, partir toujours de ceux qui sont les plus opprimés, soutenir tous les mouvements des dominés. Cela devrait permettre d’identifier les processus communs dans les différentes dominations. Analyser ce qui est commun à toutes les oppressions : le même système.

 

Pour Dubois, il faut sortir de l’essentialisme.

Au lieu d’analyser une réalité à partir de ses causes sociales, politiques etc… le pouvoir et les idées dominantes choisissent de l’analyser en terme d’essence…
Or, toutes les dominations s’appuient sur l’essentialisme.
On peut ainsi masquer une domination avec l’idée qu’il n’y a qu’une seule domination, la principale : par exemple, on est tous des ouvriers etc..

 

V) Traduction et conséquences de tout ça

Si on part du principe que des dominés peuvent s’en prendre à d’autres dominés. Il faut faire un travail de conscientisation.
Autrice féministe, Mac Intosh nous dit que la première étape c’est déjà de préciser ce qu’on met derrière le terme « privilège » :

ça ne veut absolument pas dire qu’on est des nantis !. On peut être dominé avec des privilèges.
On ne demande pas l’abolition des privilèges, mais la généralisation des privilèges.

Le scandale c’est qu’on considère comme un privilège ce qui devrait être normal !

Elle a produit un outil : elle décrit 50 situations « Le sac à dos invisible » où elle dit : en fonction de votre couleur de peau, vous allez vivre ceci, ou non.

Des exemples :
-Si j’achète des bas « couleur chair », j’ai une chance (ou pas!) que ce soit ma couleur de peau.

– Est-ce que je vais me faire contrôler ou pas par les flics quand je me promène ?

Voir l’exercice « la marche des privilèges »

 

suite du V)

nous avons besoin d’une théorie de la conscientisation, PAS de la culpabilisation

Pas une théorie du retrait, mais de la généralisation

Pas une négation des autres oppressions, juste constater que le privilège et l’oppression s’influencent mais ne s’annulent pas.

Avoir des privilèges ne signifie pas que je ne suis pas dans la galère (salaire psychologique). D’où la nécessité d’une approche intersectionnelle.

Le privilège n’est pas un choix, c’est le résultat d’un système dont on hérite, MAIS ce n’est pas un phénomène naturel !
Cf : la construction des systèmes de hiérarchisation dans le système éducatif.

 

Exemple 1 : des militants se disent, « ah, on va castagner Zemour, et on va faire une action avec le groupe de lutte des sans-papiers ».
Erreur : les sans papiers, s’il y a un contrôle… le lendemain ils sont dans l’avion pour l’expulsion…

Exemple  2:

Jean François, français, et Saïd, algérien.
Pour voyager, Jean-François peut voyager où il veut quand il veut. Saïd a besoin d’un visa pour voyager, et peut l’attendre longtemps !

Exemple 3  :

Un prof d’histoire ,explique l’abolition de l’esclavage, mais sans expliquer ce qu’est l’esclavage. Comment Mamadou peuy-il se sentir concerné ? On lui dit simplement «  on t’a libéré, » mais sans lui dire qu’il a été asservi.

Exemple 4 :

Deuxième tour des élections, une personne racisée parle avec émotion de ce qu’elle vit. Aussitôt, on lui demande de se calmer. (vous les « arabes, toujours à fleur de peau » Pourtant, l’émotion fait partie de la vie, du politique. (et les « blancs » ne se privent pas de remarques émotionnelles, très bien toléréers !

 

Suite du V) questions/réponses. (Extraits)

Question :

Comment, en tant que personnes majoritairement blanches, on peut parler du racisme dans notre pratique de TO ? Comment est-ce qu’on représente des personnes racisées dans nos groupes ? . S’il y a des personnes racisées dans le groupe, est-ce que leur donner des rôles racisés, ce serait un essentialisme ? Comment parler de… sans parler à la place de… ?

Réponse :

Qu’est-ce qu’on va demander aux blancs qui bénéficient des privilèges blancs ?

Le mouvement des black panthers disent « on va s’emparer de cette question »
Les blancs leur ont demandé : comment on lutte, nous, ici ?

Malcolm X : « on va se partager le travail, nous, on va s’adresser aux militant noirs pour qu’ils aient conscience de ce système. Vous, les blancs, vous allez parler aux blancs.
Donc nous, au TO, on peut s’adresser aux blancs pour les bousculer, les conscientiser.
Mais… on ne reflète pas l’ensemble des dominations.
Comment on fait pour dire : nous avons besoin de personnes racisées dans nos groupes, car nous voulons parler du privilège blanc, et nous ne voulons pas parler à la place des personnes racisées ?
On fait un appel ! « Venez nous rejoindre, sinon cette domination va passer à l’as ».

Autre élément :
Est-ce qu’on est là par empathie, ou pour une question d’alliance ?

Exemple : les aborigènes d’Australie s’adressent aux militants de gauche : « nous, on n’a pas besoin d’alliance, mais on a besoin de complices ». On a besoin de se partager le travail pour détruire un système de domination. La complicité marque à la fois la différence et la ressemblance.
Si on est complices, le complice me rappelle à l’ordre quand j’oublie sa discrimination.

 

Parler aux blancs + avoir un débat politique sur le système global d’oppression + on n’est pas à la même place, mais on a un objectif commun : détruire toutes les formes d’oppression.

C’est une complicité. La complicité nous permet d’aborder la question de l’autorisation. Est-ce que le groupe dominé nous autorise à parler de leur domination ? Il s’agit de construire la légitimité avec le groupe dominé. A terme, la présence de racisé·es dans nos groupes est importante.

 

Question: et le black face ?

– historiquement, c’était un acte raciste, pour folkloriser le sauvage, celui qui faisait peur etc.. ça a accompagné le racisme, le système esclavagiste, sous couvert d’humour, ça ancre des représentations. De manière insidieuse : ça nous fait croire qu’on peut parler à la place de…

et donc ça favorise l’illusion qu’on pouvait évacuer les questions d’oppressions systémiques.

On peut provoquer des situations où on parle de nos faiblesses :

on a pas assez de racisé·es dans nos groupes, et on souhaite que ça change. C’est un acte de courage politique : voilà notre vouloir-être, et aujourd’hui on en est là. Travaillons à transformer notre composition sociologique.

C’est complexe, mais il faut en parler : Dire aux personnes racisées de jouer systématiquement les personnes racisées, c’est maintenir le racisme et l’essentialisation. On doit parler des conséquences pour la personne discriminée, qui n’a pas forcément envie d’être ainsi identifiée.

Parfois, la personne opprimée, on ne va pas la mettre dans cette posture, mais on va lui demander de jouer l’oppresseur. (nota : Boal nous disait toujours « qui connait bien l’oppresseur ? L’opprimé).

 

Une méthode :

Mettre en scène la difficulté en caricaturant. Par ex : caricaturer le blanc, en utilisant un masque. On peut demander à une racisée de jouer l’oppresseur, si on est vigilant sur le fait que « ça se parle ». (Baldwin : le blanc est la métaphore du pouvoir)

 

On n’a pas forcément les bonnes solutions, mais nous devons être vigilants par rapport aux dérives. Par exemple, la place délicate de joker·e. Une idée serait de faire en sorte que la place de joker ne soit pas sacralisée. Si des personnes sentent le besoin de joker un forum, qu’elles puissent le faire : le plus important : le ou la joker·e doit être proche dans son vécu de la personne opprimée.

 

Le privilège blanc : se rendre compte qu’être anti-raciste quand on est blanc, c’est inconfortable.

On ne choisit pas ses privilèges. Le seul choix qu’on a, c’est de choisir de mettre ses privilèges au service de la lutte contre les dominations. Exemple : dans une manif, si tu es blanc, vas te mettre proche des flics, tu risques moins ! .

 

Texte ré-écrit par JF à partir des notes prises par plusieurs personnes, merci à elles, au cours de la rencontre du Réseau TO en avril 2022. Ce texte a été ensuite relu et largement complété :plus de 40 lignes, par Saïd Bouamama en juillet 22. Les titres et sous titres sont largement de JF. N’hésitez pas à réagir : Les questions et remarques concernant Saïd lui seront aussitôt communiquées. Ecrire à : contact@reseau-to.fr ou appeler JF au 06 85 54 99 68

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