Lucie, jokère en Argentine

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Une jokère en Argentine

Nous avons rencontré notre amie Lucie Bin, jokère de T’OP! pendant des années, qui vit maintenant en Argentine. Extraits de ce qu’elle a raconté, le 15 avril 17, à Guillaume, Marion et moi, si mes souvenirs sont bons ! JF

Je suis arrivée en Argentine, venant de TOP, qui est une « institution protectrice ». (les jokers de TOP animent des groupes qui ont été déjà organisés, avec des conditions négociées). En Argentine, je n’ai rien trouvé de tel. Plusieurs pratiquent le TO, mais c’est à chacun de trouver ses projets et de se débrouiller. C’est d’ailleurs la condition de beaucoup de gens, depuis la crise. Beaucoup vivent ou survivent dans une « économie informelle » en essayant de vendre des produits ou des services, de la main à la main, dans la rue.

Lucie a vendu ainsi des graines germées, de la nourriture, et des cours de français !

Lucie vit maintenant à Saint Martin des Andes, au nord de la Patagonie.

Elle intervient dans la CTEP (Confédération des Travailleurs de l’Economie Populaire). Cet organisme propose des formations de 5 jours, sur l’Economie Populaire, ce stage s’appelle une « diplomature ». Les participants viennent y apprendre à s’organiser en coopérative. Ils y ont différentes sessions pratiques, mais aussi des cours sur le capitalisme, l’histoire du mouvement ouvrier, et…la première matinée, une séance de théâtre de l’opprimé !

Les gens font parfois 24 heures de voyage, pour arriver en miniu bus par groupe de 12.

Ils vienenr souvent de « villa » c’est-à-dire d’un quartier fait de bric et de broc, proche du bidonville, où ils se débriouillent en faisant individuellement du recyclage, et différentes petites productions (surtout textiles).

MA SEANCE DE 3h DE TO : (en général)

JEUX ET EXERCICES

échauffement physique,

jeu de l’hypnose,

le cercle de noeuds, (souvent des réticences, car cela provoque des contacts physiques)

..et sa variante en aveugle !

Un jeu de rythme (se passer des claps en cercle, etc…)

Et bien sûr :

Compléter l’image,

puis la variante où on refait les images dans l’ordre chrono inverse, et projections sur les images produites,

les bonjours à style, en finissant par « vous rencontrez quelqu’un que vous aimez beaucoup » et là, les contacts sont bien acceptés : les gens se sautent dans les bras, s’embrassent.

Je termine mes jeux par un espace stop avec regroupements, pour terminer par 2 ou 3 groupes plus ou moins homogènes en fonction de leur statut économique : par exemple les « textiles » (ceux qui fabriquent des vêtements individuellement) les « coop » ceux qui viennent d’ateliers clandestins et tentent de se former en coopérative, ceux qui recyclent, ou font des objets artisanaux….

TRAVAIL D’IMAGE ET D’IMPRO :

chaque groupe crée une image de son travail

dans chaque groupe, je donne des consignes de dynamisation de leur image :

trouver un geste répétitif, trouver une phrase…Ils préprent en sous groupe, puis montrent au grand groupe.

En général, ils s’aperçoivent alors (ils ne se connaissaient pas pour la plupart) qu’ils ont les mêmes problèmes : le loyer de leur local, la fixation des prix, les débouchés de ventes….

LES RITUELS :

j’utilise la technique des 5 chaises. Par exemple je leur demande de venir occuper les chaises en montrant 5 images, statues, des « vices du militant » !

Puis la technique de « compléter le rituel, en précisant « un rituel qiue tu n’aimes pas)

ENFIN, LES IMPROS :

Je leur demande de choisir un contexte qu’ils connaissent bien (souvent tiré de ce qu’on vient de voir) : une réunion, une manif, le vente dans la rue…

On fait 2 ou 3 groupes, et chacun prend un personnage qui lui ressemble ou qu’il connait bien. Chaque groupe prépare, ensuite ils le jouent devant tous.

En 3 heures, ils ont appris à se connaître, à repérer des problèmes communs.

Une des questions qui revient souvent : « comment convaincre les autres de militer ? De lutter pour se grouper en coopérative, plutôt que de rester dans le chacun pour soi.

Question de JF : puisqu’il y a beaucoup de problèmes communs, de groupe en groupe, penses-tu que tu pourrais créer une scène simple, (ou deux?) que tu pourrais utiliser en théâtre-forum avec les différents groupes : un peu comme les images projetées qu’on peut proposer à un groupe d’apprendre en quelques minutes.

Marion rappelle que c’est une idée déjà émise à TOP, à propos des séances de 4h que nous menons avec des groupes de 25 personnes (personnel hospitalier en néo-nat). On avait utilisé cette technique avec les jeunes en service civique que nous avions une seule journée par groupe. A partir des récits des premiers groupes, on avait créé une scène facile à apprendre, où deux d’entre nous jouaient les rôles principaux, les stagiaires apprenant les autres rôles…

La CTEP :

C’est un mouvement national. Il regroupe des travailleurs du secteur informel qui s’organisent en coopératives afin de sortir du statut informel, se défendre collectivement et « rompre avec la logique du profit ». Son principal animateur est en bonnes relations avec le pape François (qui est argentin). Les moyens financiers restent très faibles : ainsi, les locaux où se déroulent ces formations appartiennent au mouvement, mais tous les intervenants, dont Lucie, comme ceux qui donnent des cours d’histoire ouvrière etc…
Tous sont entièrement bénévoles, et doivent subvenir à leur besoin. Lucie y fait deux interventions par mois.

CLIMAT SOCIAL DANS LA REGION :

C’est une région où vivent les Mapuches, un des « peuples premiers ». Ils cultivent peu, mais élèvent des animaux. Dans ces « communautés » villageoises, ou ces quartiers, tout le monde sait tout sur tout le monde. Ils vivent dans un système particulier : le parc national les protège, on leur a rendu leur terre, donnée en concession. Leurs habitations leur ont été fournies, ils en jouissent sans avoir le droit de les vendre. Tu payes un droit d’entrée pour pénértrer dans leur village, là ils vendent des objets artisanaux, des souvenirs… Ils sont très revendicatifs. Les Guaranis, au nord, eux, ont perdu leur terre.

JF Martel le 27 avril 17

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